CHAPITRE 4
le 1er avril 2001...............
Chapitre 4. DEVELOPPEMENT 2.
 A.4.Le symposium.
Inexorablement le Symposium prend sa vitesse de croisière.
La salle de réunion laisse filtrer des rayons de soleil qui peu à peu troublent et réchauffent les congressistes. Ils étirent voluptueusement leur carcasse desséchée et burinée par les embruns décapants et néanmoins sonores des chefs-d'œuvre sauvages sous la caresse chaude et revigorante. En eux s'éveillent des envies insoupçonnées bercées par le ronronnement lointain de la voix monotone de l'intervenant du moment. Une douce léthargie s'empare de leurs membres gourds et embrume les cerveaux hésitants. Regardons par exemple Kikka qui n'a pas encore parlé et donc pour l'instant se contente de subir les autres. Il n'est pas grand le rond Kikkanou, mais il a l'apparente bonhomie confortable des couettes hivernales. De longues stations devant les miroirs lui ont permis de donner à sa face de lune une placide expression d'expectative compréhension (bien qu'un peu ennuyée.) S'il n'était dégarni, son front semblerait étroit (alors qu'il n'est que fuyant) et les quelques cheveux raides qui couronnent son crâne l'auréolent d'un fin voile blond. Il rêvote. Petit faune barbu, il court dans la forêt magique, son pipeau à la main. D'évanescentes nymphes qui - ô comme c'est étrange - ont toutes l'apparence filiforme de la Chère-Secrétaire l'excitent prodigieusement. Coquelet de ces dames il bondit au milieu de leur cercle photogène, en rejaillit et les foutroie d'un regard conculpuissant. Lascives elles l'admirent, offertes à un bon plaisir qu'il retarde à volonté...
Seul dans son coin, Idéalstandard gémit doucement et souffre de la promiscuité prolétarienne qu'il inflige à son grand corps maigre de suède aristonoble. En société, il n'a jamais très bien su quoi faire de ses membres trop raides, trop encombrants. Il n'est pourtant pas bête, l'animal. Mais si imbu de lui-même que `Liqueur de Renne', le célèbre parfum de chez Fior ne parvient pas à dissimuler ses aigreurs plébophobes. Sa vie s'est consumée sur des manuscrits d'illustres inconnus du XVIIIème siècle suède. Et ces études ont contrarié ses théories raciales. Aucun de ces Grands-Hommes du temps passé n'est un bon aryen de suède authentique. Tous des immigrés. Galliques, Germains (même eux... le monde renversé), Danes, et des Caroliens en veux-tu en voilà comme ces soulards de Byströt, Tuulinpori, les Lithavenvert et autres Cruels. Des poêlées de Caroliens bavards, buveurs, roteurs et baiseurs. A ce dernier point près, tous des ancêtres à cet immonde Kikka. Il ne s'étonne pas que Kikka se vante de n'être point raciste et de ne rien avoir à redire à l'encontre des immigrés. C'est trop facile. D'abord en Carolie on n'accepte pas les étrangers. Et à l'étranger on est envahi de Caroliens. Idéalstandart regarde avec haine le petit sauvage en face de lui. Ne l'a-t-il pas, en le rencontrant ce matin, félicité pour la qualité des chefs d'orchestre de suèdie... Bien sûr... Ce sont tous des Caroliens... Otto Kaakku, Paapo Porilund, Mammi Primula, Feuille Söderstand, Suif Ratatam, Osis-Pécul Kankkunen, et Iso-Kokko Sarouste, et les autres qui restent à l'abri en Carolie et viennent faire des raids dévastateurs en Suécie conquise... Les Oradour, et les César Frankki, les Hollala et les Wïskï. Et le pauvre cœur meurtri d'Idéalstandard se retourne sept fois en sa cage étroite. Et sa cervelle est triste et pend lamentablement dans sa trop vaste demeure sous sa grelottante fontanelle de bébé trop vite grandi. Pauvre libellule anémique étiolée.
Nade Kalsson parle. Il a découvert en son Isle un geyser qui porte le nom de KÚƒke´kÞÔÙaƒƒÞ´dottir. Une croyance locale dit qu'en lieu et place de l'eau chaude sulfureuse qu'il souffle désespérément, il s'agissait à l'origine d'un distributeur de boisson alcoolisée gazeuse. De plus un proverbe régional semble être linguistiquement originaire de la lointaine Carolie. (« Ah! Si tous les geysers du pays produisaient au lieu d'eau de l'eau-de-vie, combien vécue vaudrait la peine, la vie! ») Selon toute probabilité, Koskenkorva a donc du venir en cette isle. Mais y faire quoi? Il cherche.... Il cherche.... Et blablate dans le vide de la salle, dans le vide des têtes, dans le vide des regards avides...
On le laissa volontiers faire, mais à condition qu'il se taise bientôt. Non point pour entendre quelque chose de plus intéressant. Mais pour ne plus avoir à supporter cette voix monotone qui ânonne son texte puéril et inutile. De toutes les manières, avec le suivant ce sera Charade et Scyboulette.
Au même instant, naïf lecteur repu, tu ignores qu'un drame existentiel se noue dans les entrailles des participants affamés, épigastres jà glougloutants. Petit concert spirituel qui exprime les profondeurs inassouvies des fondements métaphysiologiques congressistes... Dix heures... Dans trente minute le café et les biscuits. Vite... VITE...
Ce con de Petit-Paul souffre lui aussi en un silence entrecoupé de soupirs. En cachette il relit le texte de sa contribution. Il a trouvé original de ne pas suivre le sujet proposé. Il s'apprête à développer une théorie qui lui est chère et dont personne n'a voulu pour aucun colloques. Prétextant qu'il a égaré dans l'avion son texte original il va faire semblant de quasi-improviser génialement sur « Cuisine et Orchestration, ou d'un piano l'autre. » C'est son grand dada. Il compare l'orchestre à la palette du maître-queux. Les cordes, les cuivres et les bois tous ensemble..., le gros unisson barbare, c'est la vulgaire potée sans raffinement, les patates, le chou, l'oignon et le lard gras mis tout ensemble..., l'orchestre boche issu de Choumanne. Celui du Reger foutral. Du prusco héréditaire. De l'assassin de 14-18. De la graine de nazillon. Le solo de trompinette guerrier, le cor lugubre au fond des bois, le cor anglais qui gémit dans les coins, la harpe tatillonne sur fond de tremolo sur la touche, tout çà c'est résidu romantique du haut Tyrol de la forêt tudesque, à la rigueur de joyeux chiasseurs sortié de quelque Smitaine aigre ou de l'habile Dvortchèque. Non. Seuls les Galliques savent ce que c'est que l'orchestre. Grâce à leur cuisine. Les musiciens français sont des Escoffiers, des Vatels, des Bocuses de l'orchestre. Eux seuls connaissent la valeur du zeste de hautbois pour éclaircir une sauce de cordes, d'un coulis de cuivres dans une sauce piquante de pizzicati, d'une grillade de bois au milieu d'un friselis d'harmoniques, d'une matelote de trombone assaisonnée de percussions au champagne, d'une béchamel d'altos éclaircie d'un filet de courant d'air de flûte pour accompagner un solo amoureux de clarinette bavoteuse. A leur manière rustique, les Slavons ont été des précurseurs. Rôtis brillants de cuivres. Eclaboussis de bois en timbale refroidis aux cymbales-Chambertin. Rutilance d'un glaçage de cordes. Effets faciles mais efficaces pour faire saliver l'oreille, humecter le trombone d'eustache et titiller le tympan glouton. Les Germains, c'est, nous l'avons dit, nous le redisons, patate, chou aigre et sucreries mièvres. Les Norses ont puisé la dedans mais sans grand discernement. Les plus académiques d'entre eux n'en ont conservé que patate bouillie sans sel ni poivre. Et quand ils ont voulu assaisonner la potée, c'est devenu des patates trop bouillies avec trop de sel et trop de poivre. Les moins académiques... y en a pas (il jouit déjà de la tête catastrophale des interlopescuteurs.) Seul... (il les imagine tous suspendus à ses lèvres.) Seul... Cybélia n'a pas été trop con. Curieuse (du coin de l'œil il voit le Carolien s'épanouir d'aise. Mais attends un peu, je vais te remettre à ta place...) cuisine, en vérité même, étrange... inacadémique... voire parfois indigeste. Les cordes en paquets de nouilles stridentes étirées comme des serpents sur nos têtes... Et splatch... une louchée de purée de cuivres qui éclabousse l'assistance... (çà y est il tient son sujet) un arrière goût de tuba gronde à la cave tandis qu'un hautbois geignard plane comme un coulis de tomate aigre qui fuse dévastateur au tréfonds du gosier... et là dessus un vin capiteux de bourgogne qui jaillit de chalumeaux funèbres... Curieux, oui... (il tient maintenant son auditoire à mercy)... Curieux mais efficace (claque la langue sur un zeste admiratif)… Un sauvage de génie... (Et c'est le moment d'embrayer sur leur cher Professori...) Comme on peut s'imaginer ce que la Symphonie Cosmique eut été si elle avait été. (il jouillusionne la salle croulant de vivats délirants...)
Le Dane s'emmerde... Son appareil photo s'est bloqué et il est furieux. Il regarde autour de lui et cherche un mauvais coup à faire. Il imagine tour à tour chacun de ses collègues nu sur le siège des chiottes. Çà ne l'amuse pas. Il déprime. Son regard traînasse pitoyablement sur la salle. Il n'entend même plus l'orateur. Un brouhaha confus. Il essaye de fixer son attention. Il s'applique de nouveau et imagine Petitpété sur un pot de chambre. L'odeur lui soulève le cœur. Vite il se lève, court en biais dans sa tête et ouvre une fenêtre virtuelle. Il remplace presto le gros Gallique par la Charmante-Secrétaire. Ouf! Çà va mieux. Il regarde et fixe Idéalstandard et pense avec force « Vieux con ! Vieux con ! Vieux pédé ! Tordu ! Pourriture vaginale ! Grosse bite !... » Idéalstandard sent un regard qui se pose sur lui. Il tourne la tête vers Valinn Tatalo et lui fait un petit sourire condescendant. « Il m'admire » pense-t-il. « Pauvre petit, laissons-lui ce petit plaisir qui ne me coûte guère, le halètement de désir du crapaud n'atteint pas la blanche colombe... » Et s'en retourne vers des pensées plus élevées. Laissant ci-bas les pensées haineuses qui finissent par soulager un peu le coliquant Tatalo.
Soudain de l'assemblée souffrante un cri désespéré jaillit:

Féroce et tragique, le hurlement qui retentit fait sursauter et disloque le groupe d'êtres à peine humain figé dans son assoupissement tout comme se convulse le flan gélatineux qu'on renverse avec férocité et qui rebondit sur l'assiette ahurie. En pleine crise métaphysique c'est ce vieux tordu de D.KonÝr qui souffre. Et le fait savoir. Il n'a pas attendu la fin du Symposium pour le clamer... Comme il en a l'habitude. A quoi bon ! Autant prendre à témoin l'univers entier et dire tout de suite que cette situation est intenable... Après il sera toujours temps de voir ce qu'il en adviendra. Il en est tombé de sa chaise le pauvre, aplati, affalé sur le sol. Kalsson s'est dressé derrière le pupitre d'orateur. Sur la pointe des pieds. Horrifié... Encore un coup monté... Lui couper ses effets les salauds... Au moment où çà devenait le plus intéressant... Là où son style devenait particulièrement châtié... Ah les CONS !... Un sanglot lui fait remonter la pomme d'Adam jusqu'au cervelet... Kikka, réveillé en sursaut jubile. - De l'action... ! Enfin de l'action ! Pense-t-il en essayant de dissimuler son bâton critique qui avait un peu trop ouvert les yeux pendant ses rêves nymphesques. Et puis on prenait du retard. Comme il devait parler en dernier, il avait peur que la logorrhée verbale de ses acolytes ne lui permette d'esbaudir le bas-peuple de ses envolées majestueuses habituelles. Ah! on faisait de l'obstruction à la tribune... Bande de pompidous... Eh bien ! Heureusement que la justice immanente veillait sur lui...
Aux hurlements la chère secrétaire a vitevite trottiné ci. Habituée à telles surprises, elle ne se déplace pas sans sa trousse d'officine. Dans celle-ci, des petits paquets sont rangés classifiés selon Bouffon aux noms des habitués et emplis de menus ustensiles pharmicoles. Pour le Vikong, il y a des piles et des sels (ce qui fait dire à Kikka que cet homme a beaucoup de sels-appeal - c'est très mauvais !) Elle tricote des gambettes affairée dans le froufroutement de ses frêles quilles gainées de soie rustique. Petite mère indispensable. Attendrissante.
Son irruption fait frémir Kikka qui croit se retrouver dans son rêve. Il est obligé de se rasseoir d'urgence. Un peu essoufflé. Tout rougissant...
On entoure la vieille ruine affalée. Valinn Tatalo en profite pour lui marcher sur les doigts. Idéalstandard essaie de se frayer un passage et Kikka guette au passage un reflet sur les cuisses maigres de la secrétaire qu'il entraperçoit vaguement quand elle se penche. Pourtant rien d'affriolant... Mais les musicologues n'ont déjà guère la réputation d'être des esthètes (sinon de nœuds), même en leur domaine propre. Alors en celui des fremelles !!!
On repose D. KonÝr sur ses pieds plats. On l'évente. Le mignote. Tous ont trop peur qu'il ne leur claque entre les manuscrits. Ce qui les empêcherait de dire leur petit texte préparé avec tant d'amour. C'est qu'il est capable de leur gâcher leur journée le con. Là... Là... Il se remet peu à peu. Son front dégouline de sueur... Il en bégaie encore un peu... Il murmure encore une ou deux fois « APeur... APeur... MÝmän... Avayeux... Arci... Arci... » Il est temps de se changer les idées. « Café, Café... » clairsonne la Secrétaire malgré les signes désespérés de l'orateur qui n'a pas fini et qui ne finira plus jamais... Tout le monde se rue vers la petite table. Ils se bousculent en riant autour de la cafetière fumante et les biscuits fades. C'est la récréation des enfants. Bienvenue Talohoni est heureuse. Ce sont ses petits babies à elle. Comme si elle leur donnait la tétée ! Attendrie... Grondeuse... Bienveillante tour à tour. Petite nourrice sèche. Cafetière en dentelle montée sur pattes. Elle règne sur ces grands esprits. Ils finissent toujours par avoir besoin d'elle.
Prenons un peu de recul et regardons-les encore un instant. Si Kikka est méprisé de ses confrères, il occupe une place certaine dans l'assemblée, ne serait-ce que par son poids et ses incongruités plumitives. Mais son rayonnement campagnard ne parvient pas à ternir le radiations idionisantes qui s'épanouissent autour de l'aristocratique présence d'Idéalstandart artiste en turgescences diverses, en particulier d'ériger le vide en absolu. Plus encore que ce con de Petitpété la Chaumière, ce spécialiste de la musique du XVIème arrondissement confond Mozart et Planquette. Les autres ne sont que bouche-trous de province, comme ce Valinn Tatalo qui est certainement le moins aimé et dont personne ne comprend rien de ce qu'il dit dans sa langue, la plus horrible du monde, dégénérescence inouïe du Suède hülüleur des origines lointaines. A eux tous ils forment un microcosme exécrable du milieu musical international. Aucun ingrédient n'y manque si l'on n'oublie pas de leur adjoindre les indispensables corollaires que sont la bien-aimée secrétaire et l'indispensable factotum, Gustaf Waasa. Ce dernier est revenu dans la salle de conférences. Il a raisonnablement trempé son lumbago dans l'aquavit. Lui, ce n'est pas un vrai Suède. Il vient de la grande Turquerie aux minarets mâlement épanouis vers les cieux avides. Aujourd'hui naturalisé, il s'assimile peu à peu et méprise tout ce qui ne vient pas de sa belle-mère patrie, rêve de conduire une Vulvo ou à la rigueur une Zob, boit de l'aquavit, se meuble chez Aeki et a baigné eauoxygénéreusement les poils de tous les membres, inclus lesdits, de sa famille. Seul signe de civilisation incomplète, il a fait douze Suèdes à sa mousmée. Dans cinquante ans ses descendants auront métissé tout le pays. Il attend.
La secrétaire solitaire offre amoureusement le café et les biscuits. Tout ces héros sont ses enfants et elle adore cet instant où ils l'entourent pour quémander le nécessaire existentiel qu'elle seule peut leur accorder. Elle connaît toutes leurs petites manies. Le nuage de crème pour Idéalstandart, si séduisant dans ses beaux costumes, les cinq sucres de ce petit fou de Kikka tout rose, les biscuits mous pour le dentier du Vikong au visage de lune, l'eau de seltz pour les brûlures d'estomac de Nade Kalsson. Seul Petitpété la Cuillère l'énerve, lui qui pour avoir un peu plus de ce délicieux café nordique a la sale manie de réclamer la bouche en cul de poule « Puis-je avoir encore un peu de ce délicieux thé... » Ces latins sont impossibles.... Inconsciemment elle suppute une illusoire société matriarcale qui lui permettrait de vivre entourée de toutes ces petites créatures, pères, fils et amants tour à tour selon l'inspiration du moment.
Il est 10 heures 30, le Symposium est dores et déjà une réussite. Un grand cru même. Il y avait longtemps qu'ils ne s'étaient pas amusés autant...
B.4. témoignages.
b.4a.Mémoires Secrètes du général Von Troudenheim.
Ces pages, inédites à nos jours, sont d'un intérêt exceptionnel. Les mots entre parenthèses ont été reconstitués lors du XIXème Symposium de l'Ouvroir Rationaliste des Amis d'une Liposuccion Musicologique Orgasmatique des Irréductibles de la Terre Entière, sous-section de la Musical Art League - Union Régionaliste et Internationale des Nouveaux Ergoteurs Réunis dans une atmosphère indescriptible de confusion au cours de laquelle D. KonÝr perdit son sonotone, Valinn Tatalo, son appareil de photos, Bienvenue Talohoni sa virginité, Idéalstandard toute illusion sur l'humanité, Nade Kalsson deux dents, Kikka Nemo le Nord (ce qui est un comble et donc ne nous étonne guère de sa part) Petitpété la Foutrière ses boules (qui n'étaient pas de neige) et Gustaf Waasa son pantalon. A l'issue des (ouaf! ouaf!) travaux (ouaf! ouaf!) tout était clair sauf l'allusion à P. K. cause de la bagarre générale. Aussi ais-je dû trancher moi-même. (cf. une note passée et par suite déjà oubliée)) Les indications entre parenthèses sont de Claudius Emilius Henricius. .
« ...Ce matin (la date est malheureusement effacée, nous sommes probablement en 1933) réunion dans le sauna secret du P(résident). Étaient présents le P., le ministre S., le chef de l'O(pposition) et moi-même. Pour mieux signifier ce qu'avait d'exceptionnelle cette réunion, nous nous sommes réfugiés dans le sauna. Après avoir vidé nos bouteilles de bière respectives (le chef de l'O(pposition) n'a presque rien bu : il faut nous méfier de ces gens-là ; la sobriété cache bien des vices, notamment de formes), le P. a abordé (à voix basse) le sujet qui nous réunissait : le double danger qui nous menace aussi bien du côté de la P(etite) P(aire) d(es) O(urs) que de celui du S(inistre) P(etit) P(eintre) doit nous conduire à prendre des précautions exceptionnelles. Si sur le plan militaire tout est prêt (le P. a rappelé l'effort de recrutement de personnel féminin et de Popes afin de soutenir symé-triquement l'amoral et le moral des armées, les nombreuses commandes de marches militaires et de cantates glorieuses à nos G(rands) C(ompositeurs), la remise en état des peintures extérieures et intérieures de notre sous-marin et la promesse de l'A(mbassadeur) de G(allicie) de ne pas venir nous aider militairement, par contre nos services de renseignements pataugent lamentablement. Le P. suggère donc que nous prenions contact avec une personnalité voyageuse à l'alibi fortement sournois pour nous renseigner sur l'état des situations des H(autes) S(phères) des pays A(mis) D(onc) D(angereux) P(our) N(ous) P(arce) Q(ue) V(oisins) V(oire) L(imitrophes) E(t) P(lus) F(orts) Q(ue) N(ous), C(e) Q(ui) E(st) G(énant) P(arce) Q(ue) S(i) C'É(tait) L(e) C(ontraire!) C'E(st) N(ous) Q(ui) P(ourrions) L(es) E(nvahir) S(ans) T(rop) N(ous) E(mbêter ou mmerder).
La couverture idéale serait de trouver un A(rtiste) Q(uelconque), C(osmopolite) et V(oyageur) qui mettrait à profit ses entrées dans les H(autes) S(phères) pour faire boire ses H(auts) I(nterlocuteurs) et leur faire ainsi C(racher) le M(orceau) quant à leurs intentions C(rachées ou Cachées).
Le P. suggère que nous nous adressions secrètement à nôtre E(nfant)-T(errible) du jour, le P(rofessori) K. (S'agirait-il de NOTRE Professori? En ce cas nous aurions fait une foutue trouvaille qui éclaircirait salement les bafouillages à viendre...N.d.A.)
La décision a été prise à l'unanimité (une voix contre et deux abstentions) du P.
Après avoir assené nos mains l'une contre l'autre comme le font les gens civilisés au M(oulin)-R(ouge) devant les P(etites ou Putes) F(emmes, Fierges ou Femelles) N(ues ou Nubiles), nous nous sommes assénés mutuellement des bancs ouverts et fermés sur le sommet du crâne, et avons chanté le psaume 123. On a bu un coup. Le C. de l'O. s'est assis sur le fourneau et s'a foutu le feu au postère. On a alors voté un amendement pour le rembourser mais le chirurgien appelé d'urgence pensait que cela aurait coûté trop cher. On a terminé la soirée en faisant une partie de billes.
Demain les réponses pour le P. K. et le C. de l'O. »
B.4b.Carnets de madame E. b.- h.
« Vu ce matin mon minou moustachu. Il ne va pas très bien en ce moment. Son docteur, ce cher Von Penn m'a dit que ce n'était rien. Il parle de l'envoyer dans un Sidatorium se reposer quelques jours (Les Sidatoria étaient des maisons de repos spécialement aménagées pour le bien être des dirigeants Nasiques. Le mot vient de Structure Idéalisée (faite de ) Détails Apocryphes. Leur directeur, La Benne à O., avait développé une méthode de soins remarquable. Pendant la guerre on transforma ces maisons pour accueillir de nombreux déshérités et les guérir radicalement. Le succès de ces méthodes qui existaient déjà en Grande-Oursie, en Turquerie et en d'autres lieux se répandit ensuite en mainte région d'Africasie, avec un aussi grand Idéalisme Désintéressé mais beaucoup moins de Raffinement de Détail. .ote de L.B.) et y faire un peu de peinture. Je me méfie de Von Penn, je crois qu'il sub-odore un double jeu dans celui de mon minet.
Pauvre chat, ses préoccupations actuelles concernent la politique à l'Est. Il n'a qu'une confiance relative dans la Petite-Paire-des-Ours qui - m'a-t-il dit - ne rêve que de mettre ses fidèles sujets (et lui le premier) dans le Goulasch (La panade. N.d.T.). Mieux vaut un méchant ennemi qu'un bon allié dit le proverbe Chinoque. Au moins on sait à quoi s'en tenir. Encore faut-il que le méchant ennemi ne soit pas plus fort que vous. Auquel cas il vaut mieux s'en faire un Bon Ami juste le temps de devenir plus fort que lui. Un proverbe Arabesque dit également que si vous voulez vous faire des amis, rien ne vaut un grand coup de pieds dans les (leurs!) couilles. Ce proverbe fait bien rire mon minou. Au moins, m'a-t-il dit, ce n'est pas à moi que cela risque de faire de l'effet... Il est vrai que dans ce domaine la nature ne l'a pas mis en situation d'offrir grand chose à mettre sous les pieds ennemis. (N'ayant rien à perdre, depuis une certaine séant-se au Sénat du sauna, il ne rêve que de couper celles des autres. Qu'il est drôle...)
J'ai alors eu une idée géniale. Il nous faut un espion. On ne peut prendre un Oursien, ils partent tous à un moment où un autre dans le Goulash, les ennemis de la Petite-Paire comme ses amis. Il faut donc trouver un Neutre et ceux-ci se font rares de nos jours. Les Norges sont trop proches des Angliches, les Danes, on va très bientôt faire leur fête, les Slavons c'est bon pour les cochons quant aux Suèdes ils sont trop fiérots et n'attendent qu'une chose: le nivellement par le bas de la socio-démocrature. Beurk !... Ne restent donc que les Caroliens ; de fameux petits-bourgeois qui ne rêvent que de devenir de grands bourgeois yankisés avec cirage, nokia et tout et tout. Et les plus bourgeois d'entre eux verraient bien une colonisation de l'Est. Jusqu'à l'Oural, avec la Volga les Smurdzes, les Fouthres, les Zhöbs et les Troufignons, leurs frères Carolo-Foutriens. Mais pas cons, ils se gardent bien de piquer l'Ours par où çà le gratte. Trop dangereux. Par contre, lui glisser quelques puces et poux farceurs ne leur déplairait pas. J'ai donc suggéré à mon Minou-Joli de trouver un Carolien bien entregenté qui pourrait jouer nôtre jeu.
(le lendemain...)
Et voilà que j'ai trouvé l'oiseau rare. Je me suis rappelée que l'auteur de cette si-jolie mélodie que mon Minou-Chéri aime tant Für Elise ('Eliselle' N.d.T.) va-et-vient très souvent d'une capitale à l'autre. Il y aime tout particulièrement les dames au point qu'on l'a surnommé la Pine Capitale. Il sera un (es)pion pour nous (un (crou)pion pour ces dames et un (mor)pion pour les oursiens). Je vais convoquer de ce pas Richard Estrasse et Guilhelm Foutregrandglaire pour mettre au point un langage secret sous forme de notation musicale qui fera baver d'envie l'OULIPO (Services secrets de Gallicie, auteurs de procédés de codage-décodage extrèmement complexes qui ont le mérite de produire à chaque fois des résultats différents; ce qui est parfois bien pratique car ils permettent des interprétations haddock.N.d.T.).
(Cette page unique des carnets d'une inconnue qui signe E. B.-H. (Malgré toutes nos recherches on n'a jamais pu mettre un nom sur ces initiales mystérieuses. Petitpété la Crêmière penche on ne sais pourquoi pour Epomène Bhilips-Heil tandis que Kikka Nemo a longtemps penché pour Erminie Balor-Halküre. Idéalstandard croit lui qu'il s'agit de la célèbre Egérie Brune-Hallemande. Nous ne trancherons pas. N.d.T.) a été retrouvée en 1945 dans un bunker désaffecté de Berline au moment de l'arrivée des troupes oursiennes, au milieu de décombres et de cendres, en présence de deux cadavres non-identifiés : une jeune femme pas mal amochée et un petit moustachu brun à l'air stupide. Elle a été rapportée par un soldat de l'Armée Oursienne qui s'en servit pour envelopper des « souvenirs de Berline. » Ces souvenirs lui ont été confisqués par un surveillant du Goulash VXIX sur le corps duquel on les a retrouvés après qu'il ait été fusillé. Ce qui reste du document se trouve aujourd'hui au Musée du Peuple Koskenkorva d'Uhtua (don d'Andreï Volkov)).
B.4c.archives du C.C.(Sans doute Cuisine Centrale, mot qui doit être sg. dans un aussi singulier gastropaysage entérité...(Note du Grammairien de service).) d'URSS.
Du Camarade le Gay-Pou Bério à la Petite-Paire-des-Ours. Top secret. Langage codé AZERTYUIOP culinaire (Ecrit en roulant les rrr.)
OBJET: Recette du Goulash
Pour faire bon Goulash, prendre marmite de Sybarie de forte contenance. Sachant que ingrédients principaux doivent être patates de Prussie-Orientale, côtelettes de Polonie, Carpe farcie du Sabbath et accessoirement parfum d'aneth de Carolie.
1 - Faire co-pain co-pain d'amie avec ingrédients, signer gloses secrètes avec eux, sabler champagne de Crim(é)e et attendrir-les fortement.
2. - Verser dans marmite eau des lacs de Carolie (en essayant imaginer que c'est bon vin) et faire bouillir o(p)ignons publiques. Allumer feux sous inquiétude qui gronde. Quand température voulue atteinte mettre tous ingrédients dans marmite. Laisser mijoter temps qu'il faudra pour cuire tous les durs.
3 - Passer le tout au(x) Chinois.
4 - Jeter eau.
5 - Jeter ingrédients. Faire disparaître traces.
6 - Recommencer le tout depuis début avec eau fraîche et autres ingrédients jusqu'à obtention résultat voulu.
Cette recette est radicale (mais non socialiste.) Néanmoins se pose problème du marché qu'il est difficile de faire sans attirer attention, sans dépenser trop et sans se faire brûler par feu des canons culinaires qu'ingrédients conservent par devers œufs.
Secret recette (car toute recette a son secret comme tout Goulash a son gardien) est à chercher dans divulgation recettes erronées par voie de livres de cuisine vendus dans les pays d'origine des ingrédients ci-dessus désignés. Pour cela il faut parfumer à l'aneth, une herbe rare susceptible de faire disparaître goûts-réunis de coupe-reins comme kummel de Prussie, herbe de Bison de Polonie et testicule de figue de putois de Barbarie.
En tant que maître-queue de Paire-de-l'Ourse, je propose d'utiliser ingrédient cosmopolite et migrateur qui semé en Carolie (notre amie) a essaimé en Berlinie (surtout chez fremelles de ce pays) et fréquenté jupes pourtant souvent puantes dames de Kremlinie. Il s'agit d'un Professori au nom liquide et fort (Pas de doute, il s'agit bien de nôtre héros... (Note du Lecteur.)) dont talents sont plus musicaux que culinaires (épithètes que les cuisiniers Galliques considèreraient comme redondants.) On pourrait graisser lui la patte sans casser trop oeufs de peur que omelette ne se fige. Qu'en pense Ma-Paire?
En marge de ce texte ô combien révélateur, une écriture anonyme a écrit à l'encre sympathique (si l'on veut) les mots suivants :
« Sujet à cuisiner.
Ne pas s'attendrir.
Nourrir feu de questions.
Faire mijoter dans Goulasch. »
Utiliser avec précautions sans rien laisser filtrer ni évaporer du couvercle. Ne pas risquer de faire un four. Mettre plutôt sous gril des questions et promettre un fromage pour récompense. Attention, je ne pense pas que ce sera du gâteau. Pas même tarte. Mais ne faut pas cracher dans soupe sous peine d'être refroidis et quand le vin sent, il faut aller au Gogh - comme disent les Bougnats. »
Sous ces annotations un paraphe: « J. S. Petite-Paire-des-Ourses. »
C.4. IL impressions a l'intérieur de l'œuvre imaginée
Peut-on écrire ce qui se passe dans la tête d'un composeur qui composite ?
Peut-on écrire, avec des mots bêtes, ce qui se déroule dans la tête du chef d'orchestre ou du soliste, pendant la durée de l'œuvre qu'il crée ?
Richard Strauss faisait les deux.
Lui.
En compositant il faisait une ascension. Tantôt celle du Mont-Blanc ou parfois de bobonne. Il n'a pas précisé les circonstances qui lui faisaient choisir l'une ou l'autre des situations. Peut-être la seconde pour les passages les plus emmerdants...
Quand il dirigeait, il pensait à la bouffe qu'il allait se goinfrer au Cosmos du coin, après le concert. Premier mouvement : les entrées ; second : les viandes ; troisième : salades variées ; quatrième : fromage ou dessert... Un peu rudimentaire, non ? Il raffinait peut-être un peu. Et puis avec trois ou quatre symphonies au programme il devait indigester plus souvent que de coutume... Pas possible.
Doit y avoir un truc !
Beethoven, lui, devait pas pratiquer la bistouquette de la même manière. Il était sourd.
Alors, question: à quoi pense un sourd quand il compose ? Et quand il dirige ?
Et quand en plus il a mal au foie et l'hérédosyphilis hargneuse comac?
Tout çà fait des cas de figure où la pratique dévie la théorique.
Certains on sait à quoi y pensent.
Au fric, à la merde qu'ils écrivent mais qui passera parce que c'est Kakarajanus qui dirige et Petitpété qui critique.
D'autres quand y jouent ou dirigent, c'est au trou de mémoire qu'y pensent. Ou au solo de clarinette baveuse qu'y leur a passé sous le bras, en vache, et qui savent pas comment y vont la rattraper pour la refourrer vite fait dans l'œuvre-en-devenir. A sa bonne place, entre la flûte coulissante et le hautbois printanier... la lettre B et la lettre C, le contre-sujet glandeur et la variation farfouilleuse, la stase et la détumescence, la mesure 125 et la 132, et cette merde de transposition en la... non! en si bémol comme mes deux... foutu métier de merde avec la soupe qui refroidit et l'Anaïs qui m'attend au lit en compagnie de ce petit con d'Heikki...
J'connais un composeur, attention, pas le premier venu, un génie, un vrai çui là, un Beethoven du XXème siècle, un mec maousse et chouette. Y m'disait que quand y composait, y restait des plombes entières devant son papier rayé. Des plombes. Et k' j'te change une note, et k' j't'en efface une autre, et k' j'te remêt la première, et k' j'te bémolise prudent la tierce surajoutée diminuée. Et puis des plombes plus tard de ce p'tit boulot peinard, v'la qu'y s'dit qu'c'est çà, qu'y a plus rien à dégoiser de plus. Qu'à trouvé LA note. Et pas une autre. Qu'y faut plus rien changer. Et qu'maint'nant y peut passer à la note suivante. Et l'pire c'qu'il a raison, l'con. C'est LA bonne note qu'y a inscrit noté sauvage. Çà s'entend bondieu d'merde qu'c'est la seule, l'unique, qu'avait sa place toute chaude préparée sur la ligne.
J'blaire rien à tout çà. J'connais un aut'trouduc. Même que si y voulait faire la même chose, d'la merde quand même y sortirait.
J'dis pas de nom, parce qu'y faut vekser personne, mais les noms j'y pense dans ma tête. Des comme le premier, j'en connais pas des masses. Yen a, certes, certes, mais dans l'tas, j'dis k'j'en connais pas des masses. Des comme le second, c'est fou c'k'çà pilule. De partout. « Et Môn Œûvre » par ci « Et Môn Œûvre » par là. Nonmais, pour qui y s'prennent ces mecs. Au trou oui. Font chier. Gâchent l'métier ces gonzes.
Alors devant l'problème, j'imagine ? Enfin j'essaie d'imaginer !. Avec c'qui m'tient lieu de cervelette. Pas bésef c'est vrai. Dam'nature m'a pas beaucoup favorisé de c'côté. Des autres non plus d'ailleurs. L'Koskenkorva. Qu'est c'qui fait qu'ses œuvres soient des œuvres comac. Des vraies. Pas de Œûvres , des œuvres, tout simplement.
L'aspiration ?, J'sais pas c'k'c'est.
L'génie ? L'génie mon cul comme dirait la Zazie.
L'métier ? Merdalors. Keskcéksa?
Alors ? Alors ? Répondez-y si vous vous en sentez l'courage. Quoi ? C'est pas l'courage k'vous sentez ? Ouais, j'me doute de c'k' vous sentez. Pas l'génie nonpus en tous cas.
Bon. J'attends toujours ma réponse. Hein les futés analystes, les historistographes farceurs, les musicologues scientifiques, les musicographes ruggiéresques, les solfégistes de mes deux clefs, les vocalisateurs de la parlouille, les ethnomusicologues rudimentaires, les esthètes de veau. Des critiques, mon chien il en a, qui lui sucent le sang ; et moi j'y fous de la poudre à critique et j'les enfume, les carbonise et les catapulte aux chiottes, d'où ils n'auraient jamais du sortir. Et pi tous les autres aussi, les sociologues socialestes, les sémanticiens spermatiques et les sémiologues frénétiques, tous les gloseurs sans souffle et mélomaniaques à enfermer.
Dites donc kèkchose. Vous !
Non. Muets k'vouzètes. Beethoven était sourd et vouzètes muets ! Quel monde ! Et les aveugles ou c'k'y sont ?
Allez taisez-vous.
Taisez-vous!
TAISEZ - VOUS!!!!
Çà vaut mieux...(Ch'ai pas encore enregistré d'où sursaute c't'intervention k'che k'alifierai de délirante avis ! (Note ni signée, ni pustulée.))
D.4. textes officiels.
D.4.A. Dernière Convocation du service des armées.
MINISTERE DES ARMEES IMPERIALES DE CAROLIE SUPERIEURE
Pour la dernierre fois requerrons ha l'encontre du jöggeur (Sorte de fantassin pédestre dans l'armée Impériale de Carolie. (Note du Ministre des Armées Impériales de Carolie.)) de cinquiesme classe KOSKENKORVA, Heikki, de profession Professori de dernyerre catteggorie de devoir se praisenter urbi et orbi une semaine aprais avvoir ressu cet avis alla Kazerne de la Rue du Cable prais la Mer-Grande pour hy effectuer son entraisnement didactyque et raisonneur dans Nos Armais Imperrialles et pour se prepparer ha deffendre sa Patrie auquel cas elle serait en danger ultime et mesme pennultiesme. Et hy ressevoir sa casserole testierre, son tromblon ha six coups, sa gibessierre ha carnage, son sabre ha coulisse et ses godillots vernis.
Fait ha Carolfors, sous peine de saisie du corps dans son lit, de pendaison atroce et de tout ce qui s'en suit, sans responsabilitay aucune du Gouvernementeur qui s'en desdit.
Le 10 Hoctobre 1934.
Signai: Le Pitaine de seyvice (illisible)
Nous citons cette convocation par simple curiositay. (pardon : curiosité.) En effet elle présente des intérêts multiples. Tout d'abord elle est datée et on peut supposer qu'Heikki est déjà en vadrouille. N'oublions pas que sa Sonatiini qui porte la mention 1927 a été retrouvée en Carolie Supérieure près du village d'Uhtua. Par ailleurs, à cette époque le Professeur Vatanen (qui connaît bien les petites routes de l'arrière pays niçois mais c'est une autre histoire) pense que Heikki a commencé sa carrière d'agent quadruple : pour son pays, pour les Pruscos, pour les Oursiens et par dessus tout pour lui. Dans son article paru en 1946 à Ejakylä ( « Sur les traces poussiéreuses, effacées et néanmoins entrelacées de Rimbaud et de Koskenkorva. ») il émet l'intéressante théorie que Heikki brouilla tant et si bien les pistes entre les parties concernées qu'il ne leur laissa que la solution de la guerre pour s'y reconnaître. Pour étayer ses dires il cite les phrases simultanées que prononcèrent les grands de ce monde dans le courant de l'année 1939:
Le Fourreur de Germanie à la douane de Slavonie de l'Est: « Je dois m'excuser de vous déranger, j'ai rendez-vous avec Herr Professor Doktor Koskenkorva en Polonie mais rassurez-vous que passer je ne fais. »
La Paire-des-Ours à son âme damnée le Gay-Pou Bério: « Foutez au Goulash Moderna, Boulet, Kokkoja, Tienninen et Chaudepisskovitch. Je veux savoir ce qu'ils ont fait de Koskenkorva. »
Les journaux de Carolfors se contentèrent de signaler la disparition du compositeur, mais on en avait l'habitude et personne n'y prêta attention.
Seul le journal Shalom de New-York annonce en un entrefilet de trois lignes que la résistance dans le ghetto de Varsovie s'organiserait grâce à l'aide d'une personnalité dont on ne peut citer ici le nom mais qui serait à la fois un célèbre musicien et un espion venu du froid.
Pour revenir à cette convocation militante, elle semble avoir été retournée à l'envoyeur puisqu'on l'a retrouvée dans les archives de l'Armée Impériale. Tout comme une autre série de papiers jaunis dans un dossier poussiéreux des Services Secrets et néanmoins impérialement klamiesques, qui attestent du passage à un moment donné de Koskenkorva en des lieux divers (notes de téléphone, de blanchisseuse, de la Société des Fremelles de Compositeurs Caroliens, de la Compagnie Impériale des Chandelles Lumineuses, etc...) en tout 12 kg de paperasses qui s'échelonnent entre 1926 et 1945 et qui n'ont pas réussi à atteindre notre Rimbaud moderne.
Une dernière remarque sur ce texte concerne le vocabulaire. Chacun sait qu'en Carolie on ne connaît pas les accents du français. Les textes officiels étant écrits dans notre belle langue il leur fallait retrouver une orthographe moyenâgeuse reconstituée. Nous l'avons laissée telle quelle.
d.5b. AUTRES papiers restés sans réponse :
A titre d'exemple du parcours postal de certains documents qui nous sont parvenus, le professeur Vatanen a eu l'obligeance de nous communiquer ces témoignages révélateurs dont les en-têtes sont respectivement les suivants:
D.5.B1. Société des Compositeurs de Carolie.
Une lettre qui demande à Koskenkorva où il faut lui verser ses droits d'auteur. L'enveloppe qui est heureusement encore jointe à cette lettre retournée à l'envoyeur porte les tampons d'oblitération et autres annotations aux dates suivantes:
10 Janvier 1926: Poste Principale de Carolfors.
12 Février 1926: Refusée par le Restaurant Cosmos de Carol-fors.
23 Février 1926: Hôtel Walhalla à Berline.
12 Mars 1926: Refusée au bordel Cosmos de Carolfors.
A partir du 25 Avril 1926, la lettre a successivement été refusée par les Hôtels Rossia, Eugen Oneguin, Igor Stravinsky, Gubaïdulina, Andropov et Mig 21 respectivement à Kremlin, Trotskigrad, Tchernobyl, Goudurinegrad, Pirotchka et Anatolo Karpiv.
Le 13 Décembre 1927 : retour et nouveau refus au Bar Cosmos qui décide qu'il faut (écrit en marge sous cette date) « lâcher les basquettes. »
Pourtant, le 22 Juin 1928, elle fait un tour à Addis-Abeba (Pension du Poëtt Hââtû-r'Imbô) puis passe par Constantinople (Hôtel du Cheik Ovski), retourne en Guyane Gallique (Pension Hariane Sinq), se glisse dans une boîte de nuit (le Cosmos de Patagonie dont le portier a cru bon de préciser « le Président vient de sortir »), s'envole pour un camp d'extermination de Kilien, n'y entre heureusement pas, est saisie et expulsée en avion charter pour l'île de Paska puis à l'attention de Madame Malvina aux Falklands. Successivement thacherisée, nationalisée puis privatisée, elle aboutit entre les mains d'un petit porteur victime du krach de 1929 qui s'en sert pour rembourser un créancier Arménite mélomaniaque dénommé Baladurian. Entre temps, elle a dû retourner encore une fois ou deux au Cosmos en passant par le pôle Sud. Enfin saisie par les services secrets des Postes Impériales Caroliennes, elle retourne à l'occasion des grandes migrations hirondelliques du printemps 1930, à son point de départ. Les droits d'auteurs non perçus servent alors à rembourser les taxes dont elle est surchargée. N'ayant plus de raison d'errer, elle repose depuis entre la page 1256 et 1257 des Archives de la Société Impériale des Compositeurs Caroliens.
Editions Pan-pan & Pan.
Copie d'une lettre datée de mars 1929 pour dire que la copie de la Symphonie Cosmique est prête et que, sitôt les corrections terminées, on pourra l'envoyer à la gravure et fixer la date de la première audition.
L'adresse d'expéditeur est une fois encore le Cosmos de Carolfors. Aucune trace de réponse ou de retour de l'original.
Vikong-Line, Transbordateurs Maritimes.
Un billet circulaire de transport au nom du Professori Koskenkorva portant les dates (Illisibles. Hélas ! N.d.A.) et qui précise les moyens de transport (bateau, avion, train, traîneau, automédon, montgolfière, etc.) La liste, qui est trop longue pour être reportée ici correspond grosso modo à celle que nous relevions plus haut. Un chercheur trouvera toutefois des variantes intéressantes que nous vous communiquerons avec joie à nos lecteurs les plus fortunés (réponse contre un mandat international de 150 dollars. Joindre un timbre pour la réponse.) Précisons seulement que, parmi les villes parcourues (dans un ordre illogique) se trouvent les capitales des cinq continents et d'autres destinations moins prestigieuses comme Amandy-le-Mouillé, Nissa la Bella, Bobgo-Bongo, Modiano City, Luna-Park, Ellis-Island, Santiago du Chili, Sininensaarimylly, Sezy-chur-Narme, Mi Tien La Grappa...
D.4. Chroniques du pays rêvé.
L'indigène et l'étranger
« La Carolie n'est pas un pays comme tout le monde » (célèbre proverbe indigène).
L'habitant de la Grande Capitale et celui de la Lointaine Province ont - quand ils se piquent de conversations de café - des points de vue généraux et globuleux parfaitement dissemblables. Le capitalien a la triste habitude de tout ramener à lui et à son environnement immédiat. Prétentieux, il affirme qu'il est bien au centre du nombril du Grand Monde. Là où tout se conçoit, tout se crée, tout vit et tout meurt. Le provincialien lui est plus modeste. Éloigné du domaine des dieux, de ses pompes et ses forges, il observe expérimente et juge. Éloigné des mêlées sanglantes de l'arrivisme anonyme. En réalité, cette situation inverse les rôles et ce terme de provincialien qu'on utilise si souvent avec mépris revient de droit à l'habitant de la Grande Capitale incapable du jugement objectif de son modeste cousin. La situation se complique quand on vit dans la Petite Capitale d'une Lointaine Province. A ces caractères un peu simplistes se mélangent des effets contradictoires de miroirs qui se reflètent les uns les autres pour atteindre parfois une infinie complexité. Selon le degré de son intelligence, de son arrivisme et de son intuition prenons par exemple les réactions de l'intellectuel Carolien - et plus particulier de l'habitant de sa capitale. Nos lointains cousins y sont capables d'une lucidité plus grande ou d'une imbécillité supérieure à celle de leurs correspondants des Grands Pays où la Connaissance et la Culture s'épanouissent vingt ou trente fois centagénaires. Éloignés du nombril, modestes de tenue et de pensée, percevant les échos du grand monde avec le recul qui amortit si bien les éclaboussures rumoreuses des modes passagères et des événements capitaliens, ils apparaissent au voyageur comme de bon conseil et de pensée juste.
Mais le plus titillant à observer est l'attitude du Carolien face à un Grand Cousin venu l'ethnologuer tout fiérot. Ce dernier s'épanouit souvent en ce pays de manière outrecuidante, conquis par l'accueil aimable, portes ouvertes, mais si, entrez donc, mais non, vous ne nous dérangez pas du tout, regardez, voici la cuisine, faites comme chez vous, la salle à manger, assistez-vous, mangez un brin, reprenez une tranche de saucisson et une tasse de café, la chambre, le grenier et la cave... on montre tout mais on cache l'essentiel. Ce qui n'est n'est pas présentable,: la grand-mère dans le placard aussi bien que les fleurs fantasques qui s'épanouissent dans la malle d'osier sous le toit et le linge sale de la nation qui ne traîne pas dans les coins. Une grande comédie de la transparence au cours de laquelle l'un croit avoir tout vu, et l'autre joué son rôle d'hôte tout en cachant l'essentiel.
La situation se complique du fait des problèmes nés de la confrontation qui se fait avec une langue véhiculaire de deux cents ou trois cents mots à la sémantique incertaine car, prudents, les Caroliens ont choisi de s'exprimer en un langage estrange à la vase non communicante et à l'allitération ravageuse. Mais sous le voile agglutinant et vocaliquement harmonique, la connotation semble équilatérale et symétrique. Semble seulement car comme le dit le penseur, vérité en deçà de la Baltoque, variété au-delà. Ceci dit, nous dirons que, pour prendre un exemple, les Caroliens sont fiers de leurs poïètes, très nombreux et très appréciés dans les chaumières et un tirage de deux mille exemplaires y établit des gloires immortelles alors que dans nos pays, même avec le laurier conquérant sur l'oreille et la lecture obligatoire dans les escholles, un poïète reste ce qu'il est, un con-courant, un con-courable, un con-caténé. Et rien de plus. Du fait de l'incommunicabilité patente qui justifie l'existence de linguistes masturbateurs, de traducteurs infidèles, de gloseurs de mouches sodomisées, ces chef-d'œuvres absolus sont d'ailleurs intraduisibles. Inutile donc d'émettre des bruits de bouche ou des vents du cul, ni de détruire un arbre pour noircir un pécul. D'ailleurs, tout le monde a bien compris qu'il était inutile d'insister et on n'essaie même plus de se comprendre dans le détail. On laisse cette ardue tâche aux grammalogues, sinologues, carologues, phonèmes, grands couillons, linguastres et autres contrastiviens dont la grande jouissance est de se la prendre et se la tordre, on verra bien ce qui en sort... Va te faire voir! Pas la peine d'essayer de leur faire comprendre çà à nos sorbonnâstres. Autant demander à Kikka de comprendre quelque chose de quelque chose et rien de rien... Imaginez le dernier Enfant-Terrible de la poésie carolienne basiquant terrible en yanki de cuisine et l'aut'con venu du fin fond de la Grande Capitale béant devant icelui en coq né d'Auvergne à s'en décrocher la mâchoire et y accueillir toutes les mouches à merde des chiottes au journal à Petit-Paul...Imaginez z'un peu si vous le pouvez. C'est pourtant ce qui se passe tas de gniards. Ecoutez moi cette litanie d'incompréhensions qui se développent entre deux bonshommes qui ont pourtant - à peu de choses près - la même gueule pour gueuler, deux mains tripoteuses, deux pieds à battre la mesure, un nez pour nazer, des yeux pour zieuter, un sexe pour queuter et une bouche pour bouser... Mais j'ménerve, j'ménerve et tout çà n'est pas bon pour la tournure du sang...
Comme le lecteur subtil l'a déjà compris, l'hôte indigène est poli et bien élevé avec son visiteur, même s'ils n'ont pas gardé les cochons ensemble, on sait se tenir dans la Lointaine Province. La rusticité de l'accueil est d'ailleurs ressourçante, ancien temps et racines lointaines, écologie et accueil de nature, culotte par-dessus les moulins et ne fais jamais aujourd'hui ce que tu peux faire demain. Ce qui n'est pas désagréable après le stress épuisant de la Grande Capitale, la course aux honneurs, la bourse aux horreurs, le trépignement du téléphone et la sonnerie du métro les embouteillages et les contrôles fiscaux, le chef de service tripoteur et le fonctionnaire débile. Bref, les premiers instants, c'est comme la découverte mutuelle avec une femme chérie mignotée nouvelle-née, c'est le bonheur. Même les trois poils coquins sur le grain de beauté près de la narine au souffle fleuri c'est non seulement charmant mais attirant, sexuel et masturbatoire de l'hypophyse du grand cervelas, surtout quand elle a bu un verre de trop et qu'une goutte d'alcool y luit arc-en-ciellement.... Attirant? vous avez dit attirant mon cousin. Point du tout, dans deux ans six mois, ce Chââârmant petit poil follet va devenir une affreuse et gigantesque moustache pleine de morve sur le chancre qu'elle a près de la patate qui lui sert d'orifice à sniffer méchamment ses puanteurs nocturnes à cette vieille ivrognesse de pouffiasse... Mais nous n'en sommes pas encore là ma chérie. Causons d'abord un brin.
Le grand initial bonheur du Cousin Lointain est de s'apercevoir qu'on s'intéresse avec élévation à lui et à ses petites marottes modestes. La grande joie du Capitalien est l'importance que le Cousin Lointain accorde à ses bonnes opinions et avis autorisés, lui qui à la maison n'a jamais réussi à donner un conseil à la bonne sans qu'elle lui éclate de rire au nez. L'échange est idyllique. Découverte mutuelle et attendrissements bilatéraux sur la qualité du popot de bébé et des selles du cheval. Valorisation réciproque des uns et des autres à l'aide de tous les moyens qu'offrent les attrape- couillons médiatiques. Ainsi ont été un jour Kikka et Petit-Paul, collègues et néanmoins amis à la vie à la mort, sers-moi encore un coup ce qu'on ne boira pas un autre le boira à notre place et à notre santé. C'était le temps où les ulcères d'estomac et les cirrhoses du foie n'avaient pas encore pris le dessus sur la pure amitié désintéressée de deux incontestables personnalités de notre temps mon oeil.
Et puis vient l'époque trouble des malentendus. Un jour, le Capitalien a émis, dans un moment d'euphorie une Petite Critique Humoristique sur la petite poutre qu'il entr'aperçoit parmi les pépites aurifères. Et tout le monde a bien ri. Un autre jour, on a parlé plus sérieusement de qualités et défauts mais un peu plus des seconds que des premiers, qui aime bien châtie bien mon Cousin, mais ce n'est pas pour critiquer, seulement pure constatation, vous même le disiez hier encore, si si, j'ai bien fait attention à ce que vous baragouiniez. Las, on apprécie l'autocritique, mais celle-ci doit surtout être auto(sans)gène et non pas émise par un plouc qui ne s'est même pas regardé avant de parler. Le soir à la veillée après le départ de l'intrus Capitalien, on s'est interrogé sur les supposées qualités qu'on lui avait - peut être un peu trop vite, peut être un peu trop légèrement - généreusement attribuées. La partie honteuse de l'hérédité qui sommeille en tout Lointain Cousin remonte alors subrepticement vers la surface instable des soupçons frétillants. Le doute au visage aveugle oeuvre insidieusement. On suppute. On méfie. On regarde les yeux plissée tournés vers un lointain horizon en tirant longuement sur la cigarette. Un silencieux craquement indique alors que deux continents, glissant immobiles sur le magma de l'indifférence glaiseuse, se sont éloignés l'un de l'autre de quelques millimètres.
Finis sont les beaux jours. Vient l'automne soupçonneux des sentiments amertumeux. Tout le monde se rend compte que nul ne revient en arrière et ne redonne ce qu'il a repris, serait-ce en un moment regrettable d'égarement fébrile. Dès lors l'espacement des rencontres précède de peu les brumes de la pâle indifférence. Le vide s'accomplit insidieusement et ne sera comblé que par une nouvelle venue, une nouvelle rencontre aventureuse. Petit-Paul ne déblatère pas encore Kikka dans ses chroniques merdouilleuses mais Kikka ne pense plus à lui quand nécessité fait loi. Ainsi, ce n'est pas lui qui l'a invité au Symposium. Il défendait la candidature de Lenissius, sinistre musicographe de cabinet d'ivoire. C'est Idéalstandard qui a imposé Petit-Paul. Il faut dire que tous deux se trouvaient dans les émois printaniers de la Première Rencontre avec leurs collègues Capitaliens, et avaient réciproquement épuisés avec eux (mais dans l'ordre inverse des personnes) les joies du Premier Émoi. Et comme Idéalstandard présidait le Symposium et détestait Kikka, il s'était fait un plaisir de blackbouler le favori du Cousin Carolien pour imposer le sien. Quelle tristesse !
Ainsi rôdent autour des Lointains Cousins, fiers de leur hautaine solitude les ombres d'amoureux rivaux choyés puis éconduits tour à tour, moustiques sans dard qui volètent nerveusement autour d'une lueur pâle, vacillante et désespérée.
Et pendant ce temps, le monde continue de tourner autour de son nombril. Nirvana et bière sans alcool pour tous. Et gna gna gna. Et gna gna gna aussi sur le non-compositionnel cyclothymique et anaérobie. Et gna gna gna à propos de Cybélia et de Madélius, de Mary Kanto, et Rossinante, Rimbaud et Môôzzâârttt ont-ils tout dit sur tout et réciproquement?
Ptèt ben kuouiii... Ptèt ben knoon...
Tandis que le monde s'en va comme un lavement au goût amer vers le simplisme abêtissant, abrutissant, décervelant, la pub choc mais bandante, le gag-seconde, le premier degré de la tarte à la crème, les trois accords du rock (phénomène de société), les jeux télévisés, les concours sportifs, le PMU, le loto, les loteries, les bingos, les PAF ouilleurs, les sonals et les gimmicks, l'chaud-pisseness, le look ravageur, l'on s'téléphone et on s'fait un'bouff', nous on dérape, on complique. On sémiotise profond, on sémantise chaussurien, on sémitise freudien, on psychologise lacânien, on médiatise barthesque, on macluhanise et on haveloquéllise. Et sur quoi mondieu? Sur les pré-citoyens du pays à waldnaziheimeider! Sur tous les -erg de l'origine : les Schönberg, les Weberg, les Kim Berg... et sur leurs successeurs, les Boulettez, les Barraquez, les Xenakez, les Ferneyhouz. Peut plus faire plus compliquéz. De toutes les façons, plus d'auditeurs. Fini. Des génies de chapelle de 10m2. Vingt z'auditeurs grand max 50 disques en sévice de prusse et 3 vendus. Par erreur. Des revues zillisibles... Et face à eux les illusions du modal... Pärtouz, Schnittkouz, Lahdenhiiri, Salisette, Pommd'Abels... Malgré les ricanements des sous-Élus. Des Nemos, Petitpétés, Compté Fleurette, Ange Samiel, y-z-ont quand même du succès auprès des Gros-Pétomanes-Pas-Distingués... C'est peu et méprisable...
Reste la possibilité de s'taire.
Ouais !
La Crise.
Le Grand-Silence.
Ou fair'ôtchôz...
Mouais...
(Tous droits rézervéz - la suitez en maiz 2001...)
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