Chapitre 8
POSTLUDE (avec les excuses de rigueur à Yann qui n'a rien perdu pour attendre))
F.8. Manuscrits retrouvés. (Analyse de l'œuvre).
L'œuvre du Professori Koskenkorva a fait l'objet de maintes gloses et élégies. Je me contenterai donc de renvoyer le lecteur à celles-ci. Les lignes qui suivent les complètent sans épuiser le sujet. Je laisse à mes collègues moins favorisés le soin d'effectuer une synthèse qui ne m'intéresse pas. Je reprends à Tuomas Adodo ce qu'il a emprunté à Rismann, lequel l'avait trouvé à travers Lavignacque chez Jean-Jacques Roux-Sot : la subdivision de l'œuvre de Koskenkorva en trois périodes.
F8a. L'œuvre au noir: la sonatiini 1927.
C'est au cours de l'été 1976 que Claudius Lenissius a fait la découverte capitale et majuscule du document essentiel qui nous permet de compléter ce livre pourtant suffisamment riche sans tout ce fatras.
Or donc, cet été, il se rendit dans l'Est de la Carolie pour y entendre un important festival de Quatuors à cordes (Par le Quatuor du Moulin himself). Le lieu choisi par les organisateurs était une ancienne ferme dans un village perdu au bord d'un lac oublié et Lenissius en profita pour louer un antique mais vénérable moulin près du lieu du concert. Il arriva tard le soir, le cul usé par les cahots des routes caroliennes qui sont, comme chacun le sait, pierreuses, montantes et difficiles, pleines en hiver de boue et de neige fondue, de vieilles bonne femmes au menton en galoche, en hiver et en été de coureurs de fond sur leur pédalette à manivelle. Le lit était prêt, le café bouillait dans la marmite au bord de la cuisinière, il but du second, s'affala sur le premier et dormit d'une traite.
Le lendemain, il fit le tour du propriétaire et fut ravi par la simplicité naturelle de l'écologie ambiante. Le bâtiment principal s'élevait sur une pente douce et dominait le lac. Un rapide nerveux et rougeoyant courait entre les arbres et les pierres. La forêt cernait le champ derrière la maison et enveloppait presque de ses tentacules vertes les bâtiments annexes et le vieux sauna noirci de fumée. Derrière la maison quelques pommes de terre anémiques penchaient leurs fanes fragiles, un brin de persil se disputait avec trois carottes et une famille de petits pois aériens. Quatre oignons et une Opel verte des années cinquante complétaient le proche paysage. La maison était un antique moulin rongé par les mousses ancestrales et usé par les générations successives de meuniers dormants et de blanches truites ainsi préparées et mangées.
A la ronde, on plantait des choux. Mais la ronde c'était à cinq kilomètres au moins, à vol d'oiseau. Pour les poissons et les humains le trajet se compliquait. De manière considérable même, pour les lapins.
La maison était vide de toute présence sinon de souris galopeuses sous le toit, d'un chat noir facétieux qui répondait au nom patronymique de Penny qui les guettait, d'un jeu de fléchettes et de la mystérieuse marmite qui borborygmait au coin du fourneau, dans l'attente d'un putatif buveur de passage. Telle quelle, avec ses grandes voiles meunières tendues vers le ciel, elle attendait, chaude, vivante d'une présence mystérieuse, piège délicieux qui semblait sorti de votre imagination un soir de dérive particulière.
Le voyageur mouilla son index et prit le vent qui tomba aussitôt et se réfugia dans la cheminée. Surprise, celle-ci toussota, mais discrète ravala la fumée et se tut. Lentement il fit le tour du locataire.
Il apprécia. S'allongea sur une chaise longue et mangea quelques fraises sauvages qui profitaient de son assoupissement pour venir le narguer à portée de son bras qu'il avait long.
La journée se passa ainsi sans que rien de notable ne l'interrompe.
Plus tard, de son havresac il sortit ses dernières vivres civilisées, un camembert puant, nerveux et au galop rapide, une bouteille de vin de Bellet à peine entamée, un quignon de pain noir et une glace de chez Bertillon. Il les posa sur le rebord de la table après avoir démêlé l'enchevêtrement qui résultait de leur promiscuité voyagère avec quelques vêtements de rechange cohabiteurs, il décida de se préparer lentement. Il n'était que six heures, les quartettistes ne devaient venir qu'à huit. Le contrat prévoyait qu'ils donneraient leur concert dans la salle de la Philharmonie du Moulin sise à moins d'un mille. Il avait donc le temps de se rendre au sauna que Penny avait été chargé de maintenir en état et qu'il suffisait donc de réveiller.
En effet, le sauna n'était qu'assoupi et quand le voyageur ouvrit la porte il reçut de suite un grand jet de vapeur blanche dans l'œil. C'était un sauna vénérable mais coquin. Penny qui l'avait accompagné rigola puis s'excusa et se retira sous le fallacieux prétexte de chasser une quelconque souris à plume. Resté seul, il se dévêtit dans la pièce ad hoc, suspendit ses vêtements et pénétra dans l'antre matricielle chaude, noire et sèche. Il grimpa sur la claie la plus haute, là où la chaleur était la plus forte et frissonna sous la caresse brûlante du fluide gazeux composé qui constitue l'atmosphère terrestre quand il est chauffé à blanc par un four saunaire. Sa conscience de ce qui l'entourait lui paraissait particulièrement aiguisée même si son corps était engourdi. Il jouissait pleinement des parfums mêlés de pierre chaude et de bouleau brûlé. La situation lui paraissait irréelle. Par la fenêtre on apercevait la forêt et on entendait le rapide. Une branche d'arbre heurtait à intervalles irréguliers le toit du bâtiment. Le voyageur, perdu dans ses pensées, était au centre du monde. Au centre de son monde. Temps aboli. Volonté assagie. Bouger le moins possible. Seuls les gestes nécessaires. Le moins de bruit possible. Maintenant de l'eau sur les pierres. La vapeur qui fuse. Le nez qui brûle. La sueur qui ruisselle entre les omoplates. Le visage qui cuit. Il faut sortir. Ne pas faire de trop grands gestes ni de mouvements inutiles pour ne pas courir le risque de s'éveiller de cet état bienheureux. Aller maladroitement sans ses lunettes vers le rapide. Poser prudemment un pied puis l'autre du pont de bois vermoulu vers une pierre moussue. Ce n'est pas le moment d'avoir un accident de sauna pensa-t-il. S'asseoir en frissonnant dans l'eau tapageuse insuffisamment profonde. Cul dans la mousse. S'arroser à petits coups. Laper un peu du liquide au goût ferreux. Chasser un moustique copuleur qui se trompe de cible et essaye de vous culbuter. Se lever tel un Botticelli prontannier. Retourner prudemment en regardant où l'on met les pieds. Retrouver le sauna, boire une bière et fumer une cigarette, assis sur les marches. Regarder la forêt. Les couleurs. Brune la terre, bleu le ciel. Blancs les troncs, gris les nuages. Les formes. Les feuilles des bouleaux, les découpures des nuages. Les couleurs. Vert sombre les sapins, rouge et mousse blanche de l'eau, blancs les nuages. Les sons bruissants du silence, le cri d'un oiseau, l'eau du rapide, le vent dans la forêt. Les couleurs. Gris jaune les rochers, vert pâle l'herbe, rose l'horizon. Les formes. Découpés les résineux, déchiquetés les nuages, douce la colline. Les impressions. Suspendu le temps, disparue l'humanité. Les sentiments. Plus de sentiments. Les bruits encore... et les odeurs...et les couleurs... et les formes... et les impressions... et plus de sentiments... et les sensations sur la peau... sous la peau...
Mais il n'analysait rien de tout çà sur l'instant. Du moins rien de bien précis.
Il végétait dans sa tête, tout simplement.
Heureux.
Puis il retourna dans la chaleur qui lui tendait les bras. Maternelle. Octroyeuse d'oubli à bon marché. Inestimable.
Deux fois encore le temps suspendit son vol et les heures propices leur cours.
Une heure plus tard, rénové intérieurement et extérieurement, il sortit du sauna, se rasa, se cravata, se parfuma, se camembérisa, prit Penny sur ses genoux, le félicita pour la souris à plume qu'en guise d'hommage il lui avait déposée ensanglantée, sur les pieds. L'écouta croquer avec délices et sans orgues son offrande inoubliable. Se leva et se déplaça pédestrement en direction du lieu sacrificiel qui bourdonnait déjà empli qu'il était de la rumeur de mouches vertes d'un public mélomaniaque et impatient tendu vers la scène comme ces dignes volatiles le sont autour d'un bel étron coloré et odoriférant. Il concertisa. Apprécia. Applaudit. Brava. Bissa. Et s'en retourna, toujours pédestrement, coucher en ronronnant. Il était tard, Penny ronflait déjà.
Le lendemain, il voulut entendre l'aube d'été, mais un je ne sais quoi d'indiscible l'attira de nouveau vers le sauna.
Éteint, il avait perdu beaucoup de son mystère. Il pensa qu'un léger nettoyage ne lui ferait pas de mal. Il s'affaira. Sous les bûches une curieuse mallette attira son attention. Sorte de minuscule valise en carton bouilli, noircie par la fumée, écrasée par le temps, écornée par la vapeur. Il l'attira vers lui et l'ouvrit. Au premier abord il fut déçu. Elle contenait un chiffon informe, une bouteille vide, une vieille casquette crasseuse et des débris de papier. C'est en la sortant pour en jeter le contenu qu'il s'attarda un instant sur la bouteille. L'étiquette grise et déteinte portait seulement « Pontikka nouvelle - anno 1927 - cuvée réservée - à consommer dans le mois ». Il rêva un instant sur l'histoire de cette bouteille vide, à lui transmise à travers les ans. Et brutalement, comme il s'apprêtait à l'envoyer rejoindre les autres débris, un éclair le traversa. En un millième de seconde mille pensées se heurtaient dans sa tête qui résonnait du poids des idées et du choc des photos. 1927... le moulin... la Carolie de l'Est... la Pontikka favorite de... Non ce ne serait pas imaginable.... il se précipita dans les orties qui avaient accepté d'engloutir le fond de la valise, s'y brûla les mains et les avant-bras, en ressortit, le cœur battant, la casquette, le chiffon, et retrouva enfin les papiers griffonnés. Parmi ceux-ci il y en avait au moins un qui semblait en meilleur état que les autres. Son trésor dans les bras, il courut jusqu'au moulin et le déposa sous le regard curieux de Penny sur la grande table de la cuisine.
Ceci fait, il se força au calme. Se servit une tasse de café, donna à Penny un bol de lait et un poisson volant, bourra soigneusement puis alluma sa pipe et s'installa. Tous ses sens de musicologue averti étaient maintenant en éveil. Toutes les papilles de son corps frémissaient et grondaient doucement dans leurs pores éjecteurs. Il étala ses richesses. Ne s'attarda pas au chiffon. La casquette l'intéressa plus. En robuste tissu écossais elle portait à l'intérieur l'étiquette du vendeur: "LouClezio, chapelier - NISSA LA BELLA-CIMIEZ" et en dessous, au crayon rouge étaient ajoutées deux lettres mystérieuses et mirobolantes: "H.K.".
Toute l'adrénaline que ses glandes surrénales et accessoirement ses ganglions nerveux et ses fibres sympathiques postganglionnaires (sans compter un supplément préparé je ne sais où synthétiquement à base de C9H13NO3) circulait maintenant deux fois plus vite dans ses veines que le reste de son sang, ce qui n'était pas sans entraîner de menus désagréments qui s'exprimaient sous la forme de flatulences sonores qui intriguèrent Penny un instant. Il prit le temps nécessaire, laissa le désordre musicologique se calmer, assis au fond de la chaise et couvant du regard son trésor. Il rebut un peu de café, ralluma sa pipe, et commença de trier les papiers.
Il mit soigneusement de côté tout ce qui ne présentait qu'un intérêt anecdotique et dont je ne donnerai pas ici le relevé (On se réfèrera à l'article paru dans des Annales Léotardiennes de la Culture 1987/4. Paris.). Seul l'attirait le papier plié en quatre qu'il avait déjà remarqué. Il le prit avec délicatesse. Une fois précautionneusement déplié il se révéla qu'il avait devant lui une feuille double de papier musique in 4 griffonnée au crayon à pointe mi-dure HB3.
Le voyageur repoussa le tout ôta ses lunettes, allongea ses jambes sous la table, (ses longues jambes d'intellectuel) et médita....
Ami lecteur, si j'ai tenu à rapporter ce qui précède, c'est pour que vous compreniez que le sauna est chose sérieuse. Et pour d'autres raisons aussi, mais je ne vais pas les dire maintenant et ici. Nous n'avons pas de temps à perdre. Aussi passerons nous à l'essentiel: ce qu'il y avait sur le papier retrouvé par l'ami Lenissius.
On se souvient que Koskenkorva avait obtenu son diplôme avec un trio opus 1 pour kantélé, concertina et harmonium à pédales dont le manuscrit a disparu, y compris des archives de l'Académie de Musique. Or le nouveau manuscrit tombé entre ses mains était, sous le titre de Sonatiini, une version en cours de révision de cette oeuvre de jeunesse. Si je l'ai ultérieurement, pour l'édition, intitulée 1927, c'est qu'il s'agit de la date à laquelle Heikki aurait perdu le manuscrit et aussi qu'on pouvait y lire le titre suivant "Sonatiini, opus 1 révisé pour ob, po ja kb" (Hautbois, piano et contrebasse) 1927. C'est une oeuvre révolutionnaire dans son langage et le traitement du temps musical. Au moins autant dans le premier cas que celui de Schoenberg et dans le second proche des innovations de Debussy ou de Cybélia. C'est l'œuvre en formation d'un jeune génie qui annonce toutes les possibilités de notre époque actuelle. Pour ceux qui s'intéresseraient à la technique de composition, j'enverrai contre une menue rétribution bien méritée et dans l'attente de l'édition définitive l'enregistrement, la transcription "urtext" et une analyse, si vous m'écrivez par l'intermédiaire de l'Éditeur de cet ouvrage magistral (ne pas omettre les frais de postes et le coup de rouge pour le Préposé aux Postes et aux Pompes).
Le manuscrit se trouve aujourd'hui dans la Bibliothèque de l'Université Populaire et Néanmoins Musicale d'Amandy-le-Mouillé et en cours d'édition aux éditions Pan-pan & Pan.
F8b - L'œuvre au blanc : a élise.
Un bijou, une grâce des dieux, la délicatesse même frôlée par les ailes du génie, une merveilleuse traversée du miroir, une ondée bienfaisante, un coulis de fraîcheur, un venticelle de tendresse héroïque, un plus-qu'archange boréalis.
Bref, en un mot, en deux ou en trois: un chef-d'œuvre inouï.
Le texte du poème fait déjà, à lui tout seul, preuve d'un raffinement gustatif rare. Écrit en faux alexandrins de huit pieds et demi, ils sont signés de Lan-Juc Romeau, ce chantre de la vie secrète des grandes âmes. Koskenkorva a utilisé une traduction de la poétesse africaine Nana Nosoken dans laquelle s'entrecroisent les allitérations allusives et qui ne manque pas d'un certain aspect cosmique. Toute l'œuvre tend vers cet appel-attirance de l'infini qui se résume dans ce cri "Eliiiiiiseu.... HélliiiiIiiIiiiiseuû...". Mais je n'en dirai pas plus.
Certains ont cherché en Élise l'éternelle bien-aimée du Maître Carolien. Qui fut Élise ? Nul ne le sait ! Probablement toutes les femmes que le Maître aima. Que nous aimons... Que vous aimez... Qu'ils aiment... Que toi, lecteur ou lectrice, aimera…
Tous les grands artistes de notre époque ont fait de ce joyau de la mélodie un succès mondial qui en peu de temps est devenu aussi célèbre que la truite, les deux grands bœufs dans son étable, la mer, Only you ou Gare au gorille.
Je ne sais ce qu'il faut louer le plus. Peut-être la fusion inoubliable de la voix et de l'infini, la symbiose musique-texte ou l'expression au-delà de l'écrit, dans le monde des sentiments impérissables.
C'est l'état de grâce et je m'en voudrais de gloser sur l'inénarrable. Prenez l'un des enregistrements qui fourmillent dans votre discothèque et écoutez-le (Par exemple par la Caballius ou Schwartzenkopf délicieusement accompagnée par les frères Dalton. J'aime moins la version orchestrale de Guilhelm Foutregrandglaire, mais Maria Colosse y est sur-réaliste. Plus récemment, Barbara Latrique et Jessuye Southwoman ont réussi à introduire la grâce des chanteuses de gosblues. Enfin il ne faut pas oublier les documents de Maria Proutt et d'Héléne Tyrpitude. Je conseille moins les versions discutables de Brigitte Bardette, Margaret Tchatcher, la version castrat de Ronald Reagan et de l'hitlérien von Busch . Mais peut-être est-ce purisme excessif de ma part. Je déconseille fortement les versions de Chaliapine et Mario Lanza. Par contre la transcription pour orchestre d'harmonie des Coldscream Guards est royale (je l'ai).). Je me tais.
F8c - Le grand œuvre, la sinfonia cosmica.
Avec cette oeuvre on peut supposer qu'il n'y aurait plus de guerre dans le monde, plus de famine non plus, la justice partout règnerait et la fraternité zaussi.
Enfoncé Berlioz, écrabouillé Wagner. Et Beethoven. Et Mahler itou.
Hélas, hélas, horreur des horreurs ( Shakespeare) que le monde tremble sur ses amortisseurs et que le ciel nous tombe sur la tête (Astérisque), nous ne sommes que de frêles petits orphelins entombés qui ont perdu leur Eurydice. Une seule œuvre vous manque et tout est dépeuplé. Tant va le verre à l'eau que de vin il s'emplit. Pierre qui roule tombe dans la mousse. Araignée du matin, Pâques aux tisons. Qui vivra mourra ! Auprès de ma blonde la bobinette cherra... Tout tourne à verlan et les carottes ne font plus le printemps. Pleurons mes frères et en ce temps là il ne faisait pas beau. O tristesse des rois. Buona notte et Gutte Nacht. Zum sk0hl ou Cydalise et Chloé, prélude à l'après-midi d'un chèvrepied, Bouillasse et Mélysse entre... Finita la commedia... Conduttore tradittore. - Comment vas-tu? - La hache elle pue.
Garçon, vite une ciguë bien fraîche avec un zeste de citron vert. ViiiIIiiittt'... Buvons mes frères! In vodka veritas et toutes ces sortes de choses.
On a jacté de tous les aléas et l'idée est de mise à l'Est, la chère est triste et j'ai bu tous les verres...
La Symphonie Cosmique n'est plus de ce monde. Nul ne sait ce qu'il en est advenu. De temps en temps des rumeurs d'espoir nous parviennent, mais dans quel état...
J'ai, je crois, dans cet ouvrage magistral, fait le point d'une situation désespérée mais pas grave. Je n'ajouterai donc rien à l'indicible.
F8d Oeuvres diverses.
Il s'agit d'ouvrages mineurs et néanmoins souvent génialement exploratoires.
Ainsi:
F8d1 Épithalame.
Pour deux concertinas, écrit à l'occasion du lubrique mariage de Pietro Lancia en 1926 le cachet de la poste faisant foi. La forme qui convenait le mieux à la circonstance était bien évidemment le collage. Koskenkorva en a profité pour l'inventer avant tous les autres (Propriété de Flaminia Lancia, petite fille de Pietro Lancia.)
F8d2 Stabat Pater.
Kikka Nemo en parle dans son livre « Souvenirs d'un éjaculateur précoce » (pp. 789-792) mais le sujet reste controversé. La Bibliothèque de l'Université conserve cependant le texte latin de cette œuvre très probablement de la main même de Koskenkorva. Elle a été retrouvée au Châtyeau du Lourd Marin, en Gallicie du Sud. En marge du texte, des éléments thématiques prouveraient que la conception musicale de l'ouvrage a été envisagée voire entreprise (le texte a été analysé d'une façon pénétrante et pénétrée par le Professeur Lahdenhiiri: « Missa Curiosa, Stabat Pater, Te Deum Maledictis, Requiem Secundo Poncio Pilota et autres billevesées. » (Bibliothèque de l'Université de Carolfors. Cat. BFK 321.)
F8d3 œuvres apocryphes et controversées:
Dans cette catégorie, je classerai les merdouilles suivantes:
Élégia Sebastian Deloustalille
Pizza Calzonetta
Aléatorica Blues
Tapiholala
Trois Morceaux de lobes
Le canif du Pappio a coupé l'oneille du Vincent (opéra double à la mode de l'octuor du Darius)
Pastorale d'Automne (à mon ami Jean Wiéner)
Qui ont toutes été attribuées à un moment ou à un autre, et par l'un ou par l'autre à Heikki Koskenkorva.
N'exagérons rien. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un génie qu'il faut lui offrir la paternité de toutes les œuvres foutrales qui ont marqué notre histoire récente. Néanmoins Petitpété la Soupière a eu un joli mot ( Une fois n'est pas coutume (N. du L.) à leur propos:
- « Toutes ces œuvres ont en elles, à un moment donné de leur trajectoire temporelle aussi bien qu'idéale, un je ne sais quoi qui fait qu'elles auraient pu être écrites par Koskenkorva. »
Et je rajouterai:
- Et il y en a d'autres !
|