Koskenkorwa
Mais qui est le Professeur Koskenkorwa ???
(Rédigé par Claudius Lenicius)
UN BRIN DE RÉSUMÉ BIOGRAPHIQUE FAMILIAL DE L'ANCETRE
en attendant mieux... (par Claudius Lenissius)
Wanha Koskenkorwa est né vers 1740 (ou 1750, les archives de Saunankylä ayant brûlé avec les habitants en 1917).
A 11 ans il s'engage à Åbo dans le 3ème Régiment Royal Suédois comme musicien (klaneetti), cuisinier et brancardier-accessoire.
A Stockholm il apprend le clavecin avec un fils Düben, rencontre Crusell et s'initie aux instruments à cordes avec Jeffrey Enckell et Daddy Öïstryk.
C'était un enfant prodige qui s'ignorait (et qu'on ignorait) sans un Léopold pour le mettre en valeur et monnayer ses talents. Néanmoins, la rencontre avec Crusell est essentielle. Celui-ci l'engage à voir du pays et lui fait comprendre que la clarinette n'est pas son avenir mais bien plutôt la composition ("à condition qu'il ne se contente pas seulement de faire de la musique pour choquer l'aristocrate").
Chez lui tout est inné, il est à la fois raffiné et vulgaire, un Mozart nordique.
A 18 ans il reçoit un coup de pied au cul de son adjudant, ce qui le dégoûte définitivement de la gloire militaire. Son catalogue ne comprend alors que des marches, des contredanses et une Sérénade pour vents (manuscrits qui ont brûlé dans l'incendie de la bibliothèque universitaire d'Hoppsaloppet).
Le soir même du jour de ce regrettable incident il embarque sur un bateau estonien sous les ordres du Capitaine au long cours Tormis et débarque à Lübeck. Une mémorable séance d'improvisation à l'orgue en fait la coqueluche de la ville.
Mais les bourgeois allemands le dégoûtent vite.
Il parcourt la côte : à Riga (à l'Opéra il monte Il mondo della Luna de Haydn dans des conditions catastrophiques) puis à Tallinn (il y fonde un Festival choral qui existe encore) et à Varsovie où il organise « l'Automne de Varsovie, et écrit un concerto pour piano qu'il dédie à la jeune virtuose Nadine Szell). Il gagne alors Hambourg et sa vie en faisant de la soupe dans des bistrots à matelots.
Il rencontre un fils Bach et le bat au poker. Il part ensuite pour Berlin. Ses considérations sur la musique allemande et ses ridicules font l'objet d'une correspondance avec un certain Kaunis Axel, riche marchand finlandais qui le prend un temps sous sa protection. Il expose ses théories sur « cette musique (qui) n'est qu'imitation et métissage de celles venues de France et d'Italie en passant par le génie viennois : la musique allemande, c'est de la saucisse: ça ressemble à de la viande, mais c'est pas fait avec de la viande, et çà n'a pas le goût de la viande. Ca nourrit mais ça fait grossir. Bref, ce n'est bon que pour les cochons. » (lettre XIC)
Il rencontre Grimm qui l'engage à venir avec lui à Paris.
Départ pour Paris où il arrive dans une charrette de déchets hospitaliers recyclables, « Comme un pou sur une chatte sale » (lettre XXVIII à Axel). Il a dépensé tout son pécule en cours de voyage et s'arrête un instant à Chézy-sur Marne où il fait le musicien des rues afin de gagner de quoi se vêtir correctement avant de se présenter à Grimm.
A Paris, il rencontre les encyclopédistes. Amitiés : D'Alembert-Diderot-Sophie-Mme d'Epinay. Week-ends chez Sophie (Arnoult, la Sosso de ses lettres à Axel). On le considère pour la première fois comme un être pensant, ce qui le change de la Suède ou de l'Allemagne.
C'est à cette date que paraissent les « Considérations sur la musique françoise ». Les Français passent leur temps à tuer leur propre musique. Stupidité de Rousseau. Rameau est plus grand que Bach mais une voie sans issue car trop moderniste pour l'époque. Les Italiens développent une musique que Rousseau considère justement comme « naturelle » car basée sur la linéarité du temps. Entre la mélodie italienne et le génie français c'est une voie moyenne qui triomphera, avec le « pique-assiette de Weimar », le plus talentueux des non-génies de la cuisine musicale. Il pique à droite et pique à gauche et met tout le monde dans sa poche.
Loin des querelles notre héros développe une théorie elle aussi trop moderniste. On ne crée pas dans le vide mais en se rattachant aux traditions de son pays. Sa célèbre lettre à Diderot « Ainsi le constructeur anonyme de nos cathédrales, l'architecte de nos palais, le maître maçon de nos maisons est-il le vecteur qui nous relie au passé et invente de nouvelles variations qui n'auraient pas pu naître ailleurs... » sera reprise mot pour mot - longtemps après - par un certain André Malraux. Il y entraperçoit ce que sera la querelle des post-modernistes, des avant-gardistes et des traditionnels, dans les années 1980 (« Kossu, entre post et modernisme » par le Pr. Mikko Gervais).
Les jours se suivent et tantôt se ressemblent, tantôt ne se ressemblent pas : Salon de Mme d'Epinay - Week-end à la campagne avec Sophie Arnoult et Diderot - La découverte de la serinette - Considérations sur l'avenir de cette "boite à musique". Diderot dégoûté d'entendre toujours le Tic Toc Choc ou les Maillotins que Wanha Koskenkorwa a « enregistré » pour lui sur la serinette écrit alors le synopsis des « Dames du bois de Boulogne » et, sans s'en rendre compte le scénario de tous les futurs films de Carl Dreyer. Illusion ou réalité. La répétition et la diffusion de « l'object musical » avec ses dangers et ses avantages. Discussions avec l'abbé Attila et ses théories sur le bruit musical.
Spectateur de la révolution. En 1791 trouve que çà chauffe un peu trop pour ses abattis. Il part pour Bruxelles ("trop de frites...") puis pour la Suisse (trop de chocolat) et écrit les « Considérations sur la création musicale dans les pays provinciaux » avant de se fixer à Vienne.
Il y rencontre Mozart et Haydn. Salieri l'introduit à la cour, les mœurs viennoises lui font envisager des malheurs futurs.
Il se « pinte le nez » avec un certain Betoffen (dit Lulu de la Bergstrasse) et fréquente avec lui les lieux mal-fâmés du quartier St. Etienne. Saisi par le démon du voyage, il ne reste qu'une saison à Vienne et trois mois à Esterhaza.
L'Italie, Rome. Anecdotes napolitaines : l'enfant caché dans un couffin sur la tête de sa mère et qui dérobe les chapeaux des passants sera l'argument de son futur opéra Coulervo. Il se plonge avec délices dans la musique de Vivaldi et dans le monde de l'opéra napolitain.
C'est ensuite l'Escarène. La fabrication de l'orgue. Puis Sospel où il peint quelques rétables qui appartiennent maintenant à ce qu'on appelle « l'Ecole des Bréa ». Ses amours tardives avec la Countessa Saleya défraient la chronique. Il cultive le thym, le romarin et élève des abeilles.
Que sont les amis devenus ?
Et les neiges d'antan ?
Le temps de l'écriture est venu. Le grand oeuvre : il commence avec le Konserttino Pasticcio aujourd'hui perdu. Définition du minimalisme de simplicité, un art sans apprêts, le refus du génie, la musique pour tous.
1ère exécution par les orphelines de l'Accademia del Gesù di Nissa de la Passecaille ligure qui fait forte impression et appartient aujourd'hui à la collection privée du Monsieur de l'Abeille.
En 1807, retour en Carolie ou il semble être mêlé au groupe du « Symposium » (il apparaît sur un tableau d'époque qui porte ce nom), un groupe révolutionnaire qui envisage de dissoudre les occupants russes dans l'alcool. C'est un échec. La main mise russe sur le pays est presque totale. A quoi bon se révolter. « Toutes les révolutions dans ce pays doivent elles être promises à l'échec ? » écrit-il à Beau, alors à Abo.
Retour au village natal d'Uhtua.
Rencontre de la belle veuve et de ses deux filles. Dernières amours.
Nouveau départ neuf mois plus tard au moment où ses amies donnent le jour à quelques minutes d'intervalle à trois beaux enfants (les « trois beaux enfants de paradis » qu'il envoie à un ami compositeur à Paris).
Retour à Paris et considérations désabusées sur l'évolution politique du pays et de l'Europe.
Hésite sur l'avenir. Tous ses amis (plus vieux que lui) sont morts. Départ pour le nouveau-monde et arrêt aux Marquises.
Le paradis trouvé. Construit des kantélés pour les enfants indigènes, (ancêtre de la guitare hawaïenne ils fonctionnent à l'énergie éolienne) fait la soupe au pistou (devenu le rougail de morue) et la pissaladière. Fait du quatre mains avec Louis Moreau-Gottshalk de passage chez Gauguin. Cultive son « jardin des odeurs », la serre magique, thym, romarin, lavande, vétiver, géranium, sauge, basilic, mesclun, riquette et roquette, pourpier et courgette rampante.
Meurt apaisé dans sa propriété.
L'ŒUVRE RETROUVEE :
PASSECAILLE LIGURE
par "Wanha" KOSKENKORWA
per orkesteri
ärkiä, (fiolinit, fiolettit, sellot, isopassit)
flautit, äläpuut, $älmöt, yläpuut,
klarino, isoklarino,
kanteletto, clo$ettit, arpetta, trykkiä , $öösiä
ja krossome$tari
Oopera 12, Escareassa fecit, anno Tiiterottista 1791.
Jules Petittoutpetit la Poivrière écrit :
« Cette œuvre est la seule qui nous soit parvenue de cet extraordinaire compositeur que fut Wanha Koskenkorwa, le « Père » de la musique karolienne, probablement né vers 1740 et mort vers 1801 dans l'explosion de la bombe qu'il destinait au Tzar de toutes les Russies au cours du premier attentat qu'il réalisa dans l'histoire anarcho-syndicaliste avant la lettre. (Si vous trouvez des différences avec les éléments biographiques que vous avez lus avec attention précédemment, c'est qu'il y a quelque chose de pourri dans le royaume des musicologues. Si vous n'avez rien remarqué, alors tout va très bien, continuez).
Révolutionnaire né, admirateur passionné de Denis Diderot (Tiiterotti), il s'est affublé lui-même du pseudonyme de « Wanha » (le vieux) pensant (à juste raison) qu'un jour viendrait que, de son héritage spermatique et donc génétique naîtrait l'homme qui réaliserait tout ce qu'il concevait avec près d'un siècle d'avance. (il ne s'agit pas de Jean Sibelius, mais certainement de Heikki KOSKENKORVA son illustre descendant, l'auteur impérissable de la Sinfonia Kosmica, de la Sonatiini-1927, de la Valse tristounette et d'Eliselle).
« Wanha » Koskenkorwa, inventeur, musicien, lettré, compositeur, restera célèbre pour son caractère encyclopédiste et universaliste. Il rencontra Denis Diderot à Moscou alors qu'il y était maître de la Chapelle impériale de Catherine II (tiens, j'ai oublié de parler de cet épisode dans sa biographie). Sa correspondance érotique avec Mozart est aujourd'hui célèbre et l'on sait qu'il fut l'amant d'Anne-Marie Mozart (Nannerl), lors de son court séjour à Vienne. Il mit également le feu à l'Opéra Royal de Drottingholm à l'issue d'une mémorable représentation de « Don Giovanni », ayant remplacé les feux de bengale infernaux par une bombe de sa fabrication, la première mais non la dernière de sa trémolante et fiévreuse existence.
Emprisonné dans le château de Turku (alors Abo), il est chargé de tenir la bibliothèque musicale de la prison qu'il détruisit malheureusement (avec tous ses manuscrits et quelques autres) au cours de l'exécution de sa Sinfonia Flamboyjante en 1806.
Libéré sans paroles (comme la Chanson du même nom), il entreprend alors une lutte sans merci contre « les infâmes, les Roys & les Ksars & aultres stars du $od-piss (« show-bizz ») ainsi qu'aultres véroléz divins ».
Son « Krosso Konserttino » date de 1789 et fut oublié dans un bordel pour musiciens des bas-quartiers portuaires de Stockholm.
L'aventure du manuscrit gagne à être connue, mais, en attendant la parution future de la biographie (définitive celle là) de Wanha" Koskenkorwa, nous n'en pouvons rien dire, ne l'ayant pas encore ni écrite et encore moins lue.
Quant à l'analyse de l'œuvre, j'en parlerai quand elle sera écrite (l'œuvre)!!!!!
ADDITIF
Je suis aujourd'hui (à 14h30 précises) à même d'apporter quelques menues précisions et corrections à ce que j'écrivais et suppurais précédemment.
Cette oeuvre a été récemment redécouverte dans le grenier d'un palais niçois.
Dédiée à l'"Onorabile Countessa Saleya del Corso" elle fut jouée pour la première fois "Nella Chiesa di l'Escarèna nel santo giorno di Natale dei cani di Peira-Cava".
Les interprètes en furent les jeunes orphelines de "l'Asile di Santo-Pons" (dont les célèbres Leena del flautino et Mirjami del Kantelinetto)sous la direction du compositeur.
Celui-ci, bien oublié de nos jours, ne s'est à dire vrai guère préoccupé de sa gloire posthume. Il appartient pourtant à une lignée exceptionnellement longue d'artistes dont les plus célèbres restent Elias KOSKENKORWA, clarinettiste romantique et révolutionnaire (sa biographie est en cours de rédaction et portera le titre de « Chopin, Liszt, Berlioz, Mendelssohn, Schumann, Brahms et KOSKENKORWA: portrait d'un artiste en son temps. ») et Heikki KOSKENKORVA, avant-gardiste des années 1920 - 1940 (voir sa biographie: « le Grand-Homme »). Aujourd'hui encore la jeune chefesse d'orchestre Ruusu KOSKENKORVA continue la tradition musicale de ses ancêtres.
Il n'est pas exagéré d'affirmer que la « Passecaille ligure » est la première œuvre du genre qui - de toute l'histoire de la musique - appartienne à la catégorie des oeuvres simplistes-minimalistes sans portée philosophique, ni cosmopolite ni cosmique, mais simplement « destinée à passer un bon moment ensemble en rêvassant à des choses ou à d'autres, au milieu de conglomérats de notes pauvrement agencés de la manière la plus agréable possible, propres à élever l'âme et la pensée ainsi qu'à titiller le grand zygomatique et la trompinette d'Eustache et à produire ainsi le meilleur effet digestif propre à rêvasserie et tremblement du popotin." (citation relevée dans une lettre de Mozart à Haydn,)
La Passecaille Ligure est une antique danse dont les origines remontent à la nuit des temps.
Son interprétation est généralement « con nostalgia liguria » c'est à dire qu'en ces temps reculés, les émigrés nissards en lointaines contrées qui étaient atteints du mal du pays avaient l'habitude de se réunir les samedis soirs et après avoir sacrifié (virtuellement bien sûr) à « l'oliva, la poutina e lou pistou », ils terminaient la soirée sous l'effet de ces drogues violentes en se balançant et en entretenant leur état second par respiration « diaphragmaticque » d'un brin de lavande ou de thym et d'un anchois salé et en chantant, de toute la force que confère leur organe justement célébré par les poètes de tous pays ( après absorption et bain glougloutant d'icelui de moult lampée de ce bon vin de Bellet) « Calan de Villafranca » en ternaire mineur et avec une nostalgie particulièrement ligure. (Dictionnaire nissart de Jean Proumessa).
Le manuscrit original ne comporte plus hélas que la ligne de basse (et encore, les huit premières mesures seulement) et la moitié de la partie de kantélé (instrument rustique des aborigènes karoliens dont Koskenkorwa est issu).
Parmi les trouvailles géniales (si, si, j'insiste) de l'ouvrage, on notera des citations d'œuvres de Vivaldi et surtout de Beethoven. Cette dernière est d'autant plus intéressante (et émouvante) que ce "collage" fait référence à une oeuvre non encore écrite (il s'agit comme chacun le sait de ce qu'on appellera plus tard l'hymne à la Joie, mais en mineur ternaire comme de bien entendu).
Pour la reconstitution, nous nous sommes inspirés des mémoires de Wanha Koskenkorwa, d'une lettre de Mozart à Haydn et de témoignages divers de Felis Schiappamosche, Nasu Bellin et d'autres intimes du Maestro. Bien sûr, le style bien connu du Maestro ne nous autorisait aucune digression, aussi minime soit elle et nous croyons avoir particulièrement bien réussi à retrouver les monstruosités du style de ce génial précurseur de ce qui allait suivre et du non moins époustouflant contempteur des siècles qui nous contemplent. Nous ne sommes pas loin de partager notre opinion et pensons sincèrement être restés proches de l'esprit, de la lettre et du message (bref de la poiétique de l'aspect immanent et de l'esthésique, contenant-contenu, texte voire pré-texte et méga-texte, Melodielehre explicite sans confusion des critères ni a-priori d'analyse schenkerienne grâce à un concept émique de la description taxinomique de l'herméneutique de la reviviscence musico-légale immanente des métalangages et à la musicologie de segmentation comme Becking l'a si bien fait dans son analyse magistrale - et pourtant prudente -des épopées populaires des Guslares monténégrins, sans aucune confusion entre phonétique et phonologie) du texte original.
L'audition de ce soir est donc une grande première mondiale.
Elle sera appréciée à sa juste valeur.
C'est à dire inestimable.
Claudius Lénissius fecit.
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