CHAPITRE 1
LE GRAND HOMME
Biographie du compositeur Heikki Koskenkorva, troisième du nom
Traduit du Carolien par Claudius Lenicius esq.
« Que n'eau, que n'eau... »
(Adèle Lenrhûmée découvrant le lac Alko).
INTRODUCTION.
A - 1 - LE SYMPOSIUM 1.
L'homoncule buta contre la marche, éructa un borborygme malséant qui grouilla un instant entre les crins gras d'une barbe médiocre et posa un pied incertain sur le quai du port. L'air frais du petit matin le saisit et raviva la douleur tapie dans les profondeurs de son crâne. A la verticale, admirative et passionnée, une mouette interrompit brusquement son vol pour applaudir sa venue et crier son enthousiasme. Incapable de ressentir quoi que ce soit d'esthétique - situation somme toute assez habituelle à tout être professant le métier de critique musical, fût-il d'une envergure telle que la sienne, le sous-produit d'humanité dont on vous cause s'efforça de concentrer son attention sur les pavés disjoints qui menaient au cube de bois et de verre, abri des douaniers indigènes. Nimbé, tout comme les autres voyageurs - dont aucun ne semblait arborer une condition supérieure - par un pâle soleil d'automne la nature environante renouvelait l'éternelle rencontre entre la mer la forêt et la pierre en un miracle que seul un touriste étranger à jeun et dépourvu d'appareil photographique aurait été capable de percevoir. Mais leur préoccupation à vouloir éternelliser l'insaisissable sur leurs pellicules favorites occupait la quasi-totalité de l'intellect rabougri des jappants Japonais, doodelinants Yankiens et autres petits commerçants bavarois en goguette. Il faut avouer que pour l'observateur, impartial quoique animé d'une très légère dose de mauvais esprit, la vision de ce ciron d'humanité avait de quoi attrister le plus aveugle des anthropophiles. Le navire semblait n'être empli que d'un résidu de poubelle de lendemain de communion. Chacun des individus repus composant le groupe compact que dégorgeait le sphincter d'acier du navire s'accrochait à un sac plastique multicolore empli à éclater. Le mauvais plaisant qui aurait eu la malencontreuse idée d'en répandre le contenu y aurait reconnu les victuailles qu'on arrache ordinairement à une boutique dont le nom magique de détaxe permet aux compagnies d'augmenter scandaleusement les tarifs habituels de ces objets inutiles. Ledit bénéfice les autorisant à payer le moins cher possible les employés asiatiques que ces trafiquants modernes de chair humaine transplantent directement de leurs boat-people ou de leurs camps en Thaïlande dans les soutes gluantes de leurs navires. A leur décharge (c'est bien le terme adéquat), il faut reconnaître que ce nouveau genre de radeau de la méduse, s'il est tout aussi dégradant pour l'homme, est à la fois moins primitif et dangereux et constitue, tout bien réfléchi, une alternative possible et somme toute valable en vue de posséder au moins une plus grande sécurité végétative et le droit tarifé d'appartenir à la grande confrérie des travailleurs syndiqués.
Mais pour en revenir à nos touristes encore englués dans la musique sirupeuse de la sonorisation omniprésente par les sous-mélodies soigneusement concoctées par les proxénètes de la chanson mondiale (sous-produits d'une eurovision triomphante), le même observateur extérieur pouvait constater avec tristesse et néanmoins satisfaction qu'ils partageaient une laideur exacerbée, matérialisée par leurs oripeaux trop serrés et trop voyants d'où débordait une chair triste et malsaine. Leurs excitations étaient factices, leurs traits avouaient encore miasmes et remugles de pollutions nocturnes nées des proximités malpropres du voyage tandis que leurs piaillements hystériques défloraient les tympans fragiles des malheureux indigènes.
Les entrailles du navire ayant fini de vomir l'infernale et obscène cohorte comme on le ferait d'une déjection trop longtemps mûrie et retenue, le flot touristique s'épendait sans vergogne sur terre, s'y éparpillait et souillait la rive, y imprimant une marque indélébile et infâme qui complétait idéalement l'insupportable puanteur de l'eau pourrie du port, dernier refuge de poissons aveugles, d'otaries tuberculeuses et d'étrons triomphants.
Comme épuisé par une introduction aussi alambiquée (qu'il aurait été certainement - même à jeun - incapable de démêler), l'indigne caricature d'homo sapiens s'arrêta un instant, vérifia pour la millième fois qu'il tenait bien sa sacoche de cuir trop rouge, trop neuve, admira béatement les initiales de cuivre qui s'y entrelaçaient, essuya une main moite contre son manteau, inspira prudemment un peu d'air trop pur et trop frais pour ses poumons rabougris, eut une pensée attendrie pour son sacro-saint bâton critique qui pour l'instant dormait recroquevillé, vérifia d'un index discret la fermeture du zip protecteur. Puis il s'ébranla dangereusement vers un avenir qu'il espérait le plus moelleux possible.
B.1.TEXTES OFFICIELS 1.
Les lignes qui suivent sont extraites de ce qui semble avoir été un journal intime, probablement celui du prêtre d'un village de l'Est du pays. Ce document serait d'après le musicologue soviétique Chatliapine d'Hévonen tout ce qui resterait de l'acte de naissance authentique du Grand Homme.
Ce Chatliapine semblerait avoir entrepris dans les années 1920 d'écrire une biographie de Notre Héros. Les archives de la loubianka non encore accessibles éclaireront nos descendants quand elles seront accessibles. Lepetit Pâté de la Fourrière signale avoir retrouvé un certain nombre d'articles parus dans la revue interne du komsomol de Peterskoï. Nous nous contenterons, à notre habitude, de ne pas lui faire confiance mais nous le citons à la mode universitaire de chez nous :
1924: « Un héros positif pendant la Révolution d'Octobre »
1938: « Un grand Réaliste Socialiste dans la tourmente révisionniste »
1942: « Un Héros rouge contre le Nazisme »
1949: « Recette du goulash de Sybarie »
1951: « Erreurs d'un artiste formaliste : autocritique pour lui »
1956: « Réhabilitation d'un authentique révolutionnaire »
1965: « Nationalisme, gauchisme, hooliganisme, déviationnisme et sionisme en Art »
1987: « Biographons honnête : une transparence nécessaire »
1995 : « Le libéralisme dans la pensée de Lénine »
Nous sommes toutefois parvenus à recopier en cachette de Petit Pierre de la Carrière l'unique précieuse reliquette en sa possession kidi :
« ...Le 10 ou le 12 de ce mois est né de père inconnu et de Kissa Onerva un enfant de sexe mâle prénommé Heikki. Baptisé ce jour et tenu difficultueusement et ivrognesquement sur le front baptismal par son parrain, cet abruti de sacristain, et sous les postillons de cette vieille tordue de chaisière édentée, sa marraine... »
La suite du texte manque ainsi que le nom du prêtre et surtout la date et le lieu. Le papier qui semble lui aussi avoir beaucoup bu est probablement un morceau d'étiquette décollée d'une bouteille de koskenkorvin, un vin de messe très spécial à 70° fort apprécié des indigènes du lieu.
Ce qui n'explique pas pourquoi quand et comment Heikki a un jour pris le nom de Koskenkorva. Le mot lui-même est étrange et ne signifie rien. Les racines en seraient d'après le linguiste Chaussure: Koski, le ruisseau ou le rapide et Korva, l'oreille. Mais les deux mots réunis ainsi sont du petit lapon. Quand à la théorie de Petitpété la Sucrière qui se réfère à une célèbre marque de vodka, c'est tout des conneries, cette marque prestigieuse ayant été créée a posteriori en hommage au Grand Homme. Si la fin justifie les moyens pour Petitpéteux la Parfumière, il a comme d'habitude et une fois de plus perdu une bonne occasion de fermer son clapet infâme et puant. Par contre, le passage fortuit en ces lieux et temps du célèbre cuisinier-ethnomusicologre Picout Koskenkorwa, fils de Wanha, ne serait peut-être pas aussi périphérique à la rondeur subite de la ravaudeuse qui se complaisait à exposer ses organes vocaux à tout venant. A bon entendeur salut !
C.1.IL: impressions : naissance dans le sauna (hommage à italo)
Personne ne regarde le soleil la nuit, et c'est le moment où il aurait le plus besoin qu'on s'intéresse à lui puisque son existence est encore douteuse à cette heure-là. C'est une ombre blanchâtre qui affleure sur le bleu délavé du ciel, chargé de lumière lunaire ; qui peut nous assurer qu'il arrivera encore une fois à prendre sa forme et son brillant ? Il est si fragile et pâle et fin. C'est comme une hostie transparente, ou une pastille à moitié dissoute ; sauf qu'ici le cercle d'or n'est pas en train de se défaire, mais de se condenser, de s'agréger au dépend des taches et des ombres gris bleuté dont on ne comprend pas si elles appartiennent à la géographie solaire ou s'il s'agit de bavures du ciel qui imprègnent encore le satellite poreux comme une éponge.
Le jour, il luit comme une évidence telle qu'on n'imagine même pas son absence. La nuit, il perd cette force. On pense à lui parce qu'il est là.
Mais la nuit on ne se rappelle plus les sensations du jour, du soleil. On ne sait plus si c'est le changement qui modifie ainsi les astres et on n'ose imaginer qu'ils sont la cause de la situation nouvelle. Il est impossible de croire que l'une et l'autre puissent avoir autant d'influence. Même les odeurs se modifient et pourtant il est difficile de penser que lune ou soleil puissent avoir un effet quelconque sur l'odorat.
En réalité, c'est le jour qui chasse la lune et la nuit qui fait fuir le soleil.
Néanmoins à la différence de la lune qui apparaît rarement le jour, le soleil est fréquemment présent la nuit dans mon pays, mais changé, frêle et transparent (comme l'a si bien remarqué l'astronome Palomar Calvin).
Le jour de ma naissance c'est le soleil qui était présent ce 21 juin à minuit. Un soleil pâle et bas, timide, buveur d'horizon tendre. Prudent, il évitait les ombres trop crues. Timide, il ne brûlait pas.
Il voisinait tout simplement et communiait avec une nature tout à son éveil coloré et à ses frémissements charnels. Il la veillait en quelque sorte, la protégeait et l'empêchait de s'endormir sur ses lauriers à peine éclos.
Tout comme il veillait, protégeait et aidait la Mère qui ahanait dans sa crèche noircie.
Ces nuits là, la lune n'est pas reine.
Les sujets du soleil, d'or, de diamant, s'effacent devant le lent rougeoiement d'un horizon qui donne naissance à de nouvelles formes de nuages. Diaphanes. A peine dessinés. Et qui pâlissent vite. Se réchauffent et blanchissent.
Et pourtant qui peut assurer que même dans cette situation nul n'ait besoin d'elle.
Elle surveille et tisse le lien entre deux jours successifs qui sans elle ne seraient plus qu'un.
Elle soutient le soleil pendant le délicat passage où il n'est plus tout à fait ce qu'il était et pas encore ce qu'il sera.
Elle contrôle dans cette nuit en déséquilibre que l'équilibre normal ne soit pas tout à fait et définitivement remis en question.
Présente mais absente. Ténue et toujours prête à s'évanouir. Quand il le faudra. Pas avant.
Et quand le vagissement du nouveau-né jaillit et résonne dans les bois, les feuilles des trembles transmettent la nouvelle aux alentours, alors la lune se cache un peu plus dans la brume blanche-bleue qui l'enveloppe. La terre qui se rapproche du soleil le nourrit des cris répercutés. Sa vision devient difficilement supportable et sa chaleur se nourrit des courants marins. Ses rayons commencent à faire trembler l'air sur le sable et sur l'eau des lacs. Les poissons vont se réfugier sous les pierres les plus profondes tandis qu'insectes et oiseaux s'éveillent de leur brève lassitude.
Aucun doute que ce qui commence à présent est une journée splendide de plein soleil estival. A cet instant, s'étant assurée que le soleil n'a plus besoin d'elle, la lune rentre chez elle.
D.1.TEMOIGNAGE MOTIF DU SOUVENIR.
(Texte kalévaléen recueilli en 1938 par Pietro Lancia (célèbre musicologue de l'Accademia Nissarda qui a été, faut-il le rappeler, à l'origine des études occitaniennes sur le Professori Heikki Koskenkorva. Parmi les ouvrages les plus significatifs de cet adepte de la musique sportive, il faut citer « De l'usage de l'accordéon dans les entraînements sportifs » (Bibliothèque de l'O.G.C.Nissa la Bella), « Musiques conquérantes pour les conducteurs de véhicules automobiles de compétition » et « Les neuf symphonies de Beethoven: lecture authentique et officielle sur l'harmonica chromosomique à pédale à double échappement »).
« J'm'appelle Rokka, j'a ben conniu l'Heikki quand al'était jeûne. L'amait chassier.., et boèire.., et fourir la guieuse. On s'a perdus dans l'zannées mille neuf cent huit. L'a parti à la ville. Al'a laissé ben des malheurs adarrière lui. A trop arranger les fremelles, l'avait ben dû en engroisser très' ou quat'. Et si les bouilleurs ont pârdu al'bionne pratique, c'est l'prêt' qu'a été l'pius content. Sauf quand y s'a perçu qu'y y z'avait ratiboisé l'a thûne ed'quête qu'avait d'côté. En pu ed'la barrique ed'vin d'messe. Al'gendarme l'a point trop cherché l'gâs, al'gendarme. Valait mieux point trop chercher al'faire rev'ni' dans l'coin l'gâs....
S'y faisait ed'dla meûsèque?... Héhé... Y f'sait chanter les filles.., ça oui.., mais ed'dla meûsèque...? J'sais point trop... Sauf quand al'avait un trop grand coup dans l'ail'ron... Sacré gueulard...Bôdieu ed'bôdieu..."
C'kiléd'venu l'gâs. J'sais point trôp. Asstains z'y disent qu'alé parti pour la vil' continuer d'engroisser l'filles... Asstainzôt' qu'à s'a calmé. D'aut'encor' qu'à l'en est parti pou'lé t'opic' chél'Gottschalk, oul'pôl' j'sais point trop.
Nous l'en parlons encô' à la veillée. Noulévieu. L'zôt' sont trôp khôns ad'vant leû télioche. L'zôt. S'enfout'. L'zôt !
Pitouça, ça n'en vaut pa-z-un bon coûp p'tèt ?
Non ?
Cétatourné ?
Sâââclé Heikki. Vâ ! »
Aïe ! Voici que nous pénétrons le vif du sujet. Ce document évoque un certain "Heikki". Il ne précise pas de quel "Heikki" il s'agit. Des "Heikki", il y en eut beaucoup, en Carolie. Il y en a encore aujourd'hui. Pas mal même (citons entre autres : Heikki Kirkonen, Heikki Ki ?, Heikki Kanemo, Heikki Kseksa, Heikki Lomettri, Heikki Nojuhani R., Heikki Nar E., Heikki Jounapinen, et combien d'autres...) dans le cabaret du village d'Uhtua en Carolie de l'Est au cours d'un voyage de cueillette de vieilles chansons villageoises)). Il en viendra demain. Des "Heikki". Des tas de "Heikkis" même...
Certes, le citoyen Rokka ne dit pas quel est le nom de famille de son Heikki. Mais rappelons-nous qu'à cet âge, le petit Heikki (le nôtre), n'avait pas encore de nom de famille. Vous me suivez ? Mon raisonnement est imparable : agitons devant nos visages ahuris et néanmoins admiratifs deux Heikki, sans nom (ni l'un ni l'autre), il ne peut donc s'agir d'une coïncidence. Il ne nous reste plus qu'à conclure brillamment.
Au cours de nôtre enquête, il nous a souvent fallu raisonner sherlockholmesquement. Ce témoignage résume tous les autres : un homme (une femme, un enfant, un vieillard, un cocu, un homo, un sapiens, etc...) se remémore...
Sa mémoire est celle qu'elle est.
Mais elle est !
L'Heikki que nous découvrons au détour du chemin surprend parfois le musicologue descartésien. Il a l'impression d'une infinité d'Heikkis qui se superposent, voire s'opposent.
Gestalt pas morte !
Il faut vous y faire. Comme nous nous y sommes faits !
Et nous suivre avec humilité.
Et componction.
E.1.HORREURS DU PAYS RêVÉ (m'hommage).
Le bouleau, le sapin, l'eau et la pierre constituent tout l'horizon, à perte de vue. Les collines dissimulent les chemins qui rampent à ras la motte et suivent les ondoiements des rochers et des collines, serpentant en caprices à trois dimensions. Les couleurs elles-mêmes se fondent en taches rendues parfois incertaines par les variations de la lumière, les jeux des nuages et les effets de l'eau. Ainsi les bleus, les verts et les noirs des lacs se reflètent-ils dans le ciel et il suffit qu'un seul de ces éléments change pour que le rapport de camaïeu des couleurs soit soumis à un effet kaléidoscopique qui, à chaque heure différent et complémentaire, se modifie en une évolution symétrique et équilatérale. Le soir, la lumière et l'atmosphère deviennent encore plus magiques, instants mystérieux chaque fois révélés, éternité constamment renouvelée, accompagnée de l'amplification anonyme et indifférente des rumeurs de la nature, du glisselis du vent, du coulis crépitant de la pluie, des craquesecs des arbres de la forêt et des murmures assoupis de l'eau qui clapoti clapota. Pays de légendes où l'homme n'a pas tout à fait sa place et apparaît comme une sorte d'intrus parasite, pustule cancéreuse accrochée au sol, blottie dans ses replis noircis par la fumée des feux qui rongent les parures merveilleuses de cette terre de dieux morts. L'homme, pou vulgaire, sale et puant, rongeur opiniâtre d'un sol qu'il déflore, saigne, déchire et pollue pour en repaître sa chair triste et parfois même - hélas ! - son esprit malsain.
Accueillante ou inhospitalière à l'humanité (souffrante, bien sûr), cette terre a pourtant enfanté le Grand Homme. Il y est né d'une putain de village et d'un inconnard de passage qui, le pieu dans, se prenait sans le savoir pour le dieu Pan. Conçu dans la vague de désir animal que donne le besoin d'amour, la rage du désespoir, l'excitation de l'alcool, la violence destructrice de tous les mâles de l'univers, et de quelques autres en plus. Perfectionné par l'addition de neuf mois de copulations hasardeuses qui le conduisirent ainsi embrionnesquement en tous les lieux de la forêt. Il y apprit la mousse des rennes, le moustique frôleur, la myrtille noire et le champignon odorant. Ainsi que la pluie froide, le soleil pâle et le cri du hibou. Et le tronc lisse du bouleau, l'odeur de résine, le tremblement des feuilles et le murmure des rapides. Sa connaissance de la terre humide se fit le temps d'un printemps puis d'un été et d'un automne avant qu'il ne naisse dans l'obscurité chaude d'un sauna enfumé. Venue obscure, passage douloureux d'une nuit à une autre. Plus terrible encore. Venue silencieuse, sans un vagissement, solitaire parmi les odeurs des écorces de bouleau et des braises éteintes. Avec dans tous ses pores le goût de la pierre chauffée et l'amertume de l'eau rougie qui roule et qui mousse entre les herbes rousses des chutes des rapides.
Il ne reste ni témoin, ni témoignage de cette nuit obscure.
Mais cela n'a pu se passer qu'ainsi.
Prélude ordinaire à une vie de légende...
....................à suivre....................................
(Le deuxième chapitre, pas avant février 2001)
|