Compositeur
Retour à la page Accueil
(Page écrite par Claudius Lenicius, professeur de musicologie à l'Université libre de l'Escaréa)

Les oeuvres d'Henri-Claude Fantapié sont le fait de trois compositeurs différents et sont classées en cinq catégories :

1. Les chansons de Claude Lenissois
2. Les oeuvres et les arrangements de jazz de Claude Lenissois
3. Les oeuvres multiples de Wanha et Heikki Koskenkorwa
4. Les oeuvres à visée pédagogiques d'Henri-Claude Fantapié
5. Les oeuvres soi-disant sérieuses d'Henri-Claude Fantapié

" La question est la suivante : 'Faut-il considérer HCF (et notamment le compositeur), comme une personne sérieuse ?'
Ses compositions ont souvent fait frémir ses professeurs (Challan), les critiques (Moran), le public (voir les crottiques de ce site).
D'autres (que je ne citerai pas ici) ont apprécié. Certains ont souri. Quelques-uns n'ont pas compris. Il y en a tout de même qui ont été touchés; voire émus.
Il faut de tout pour faire un monde... "


 1. Les chansons de Claude Lenissois

Elles correspondent à une période lointaine. Arrangeur de studio, Claude Lenissois a été successivement Russe, Napolitain, Espagnol, Niçois, Monégasque, il a accompagné dans le style populaire, chanson française, cow-boy, playboy, etc...
La période Bruno Pasqual a été la plus longue, ressuscitant même au XXIe siècle par l'effet magique dudit chanteur de Beausoleil, célèbre auteur du Pan-bagnat et autres Poisson rouge, Vieux comptoir, etc. Deux CD reparaissent et on trouve ses chansons sur internet.
Une satisfaction musicale a été l'album d'Haira, paru chez Saravah, à la fin des années soixante : Le temps des magiciens, où, sur des textes powelo-bergerettes (auteurs qui furent brièvement à la mode en ces années, tout comme on découvrait en France la science-fiction vue des US), Lenissois s'amusa fort avec l'aide des Solistes de Paris et de l'ingénieur du son Daniel Valencien à réaliser un album de ce chanteur de qualité. La chargée de presse de Saravah n'aima pas le disque aussi se garda-t-elle de le promouvoir, d'autant que la période était favorable à Barouh, Higelin, Areski et Brigitte Fontaine. A la trappe !
Pendant la période Gilson, Lenissois poursuivit son travail de nègre dans le domaine de la chanson : les nouveautés US parven aient en épreuces 45t. et elles devaient sortir en même temps en France. Il lui arrivait alors de passer la nuit à repiquer d'oreille l'orchestration (souvent pour des orchestres de dimensions hollywoodiennes) afin de la transcrire pour cinq ou six instruments (qui devaient sonner comme quarante) et de livrer au petit matin un matériel utilisable en studio dès neuf heures... Une rigolade qui ne se renouvela pas trop souvent, heureusement...
Au début des années soixante-dix, Lenissois tira un trait temporaire sur son existence et définitif sur la chanson.

 2. Les oeuvres, orchestrations et les arrangements de jazz de Claude Lenissois
Voir (ou plutôt cliquer) : ICI

 3. Les oeuvres multiples de Wanha et Heikki Koskenkorwa

Ubiquité et transtemporalité caractérisent ces personnages fumeux qu'on retrouve aussi bien dans les paragraphes 4 et 5, ci-dessous. Pour une biographie plus complète, voir ICI
Il est difficile de dire quoi que ce soit de véridique et d'intelligent sur les oeuvres de la famille Koskenkorwa.
La première oeuvre qui ait été restituée est la Sonatiini 1927, pour hautbois, contrebasse et piano, qui fut créée au Château de Saint-Ouen en 1987, par un trio composé de Corinne Jobard (hb), François Hénaff (cb) et un (ou une) pianiste masqué(e).
Si la  Symphonie Cosmique n'a toujours pas été retrouvée, HCF a remis au goût du jour la Petite Nostalgie du Pr. K. en souvenir du Pr. K. qui a même été enregistrée par les 12 cordes et la cloche (non, pas le chef, le chef est en plus) de DIONYSOS, quand le Professeur Kunnas a quitté l'Institut Finlandais de Paris, en 1993.  
Quand, en  1970, la Jeune Philharmonie voulut jouer une valse de Waldteufel, elle se heurta à l'impossibilité d'en trouver le matériel. Aussi fit-elle appel à Heikki Koskenkorva qui l'avait mémorisée dans sa jeunesse. Ainsi naquit Le diablotin de la forêt, impérissable souvenir napoléonien.
C'est à Saint Mary Church, en Cornouailles, que fut ressucitée la Passecaille ligure d'après un manuscrit hiéroglyphe retrouvé dans un grenier à l'Escaréa, dans l'arrière-pays niçois, où Wanha Koskenkorwa se réfugia dans des années 1790, fuyant la Terreur. L'Ancêtre y fait preuve de son génie particulier, pusiqu'il y annonce précisément l'Hymne à la joie de la Neuvième de Beethoven. A moins que le grand Sourd n'ait piqué cette idée géniale lors du passage à Vielle de Wanha Koskenkorwa.
Toutes ces oeuvres existent en partition, parties et enregistrement sonore et sont disponibles sur simple demande.

 4. Les oeuvres à visée pédagogique d'Henri-Claude Fantapié

Je ne sais pas jusqu'à quel point il faut les différencier des oeuvres soi-disant sérieuses.
Certes il y a bien quelques piécettes instrumentales qui se promènent aux éditions Combre ou Billaudot. Mais elles n'ont aucun intérêt d'après moi (qu'hcf me pardonne, mais je sais qu'il ne m'en voudra pas)
HCF , pour diverses raisons (manque d'argent pour louer ou acheter des matériels d'orchestre pour la Jeune Philharmonie - instrumentarium orchestral étrange - circonstances du concert - adaptation à un orchestre novice) dut dont opérer de quatre façons (il partagea la commande et la création de ces oeuvres avec son complice Jean-Philippe Dejussieu) :
1. Demander à ses amis compositeurs d'écrire pour lui gratis pro ego des oeuvres circonstancielles (ce que Paavo Heininen, Jean-Jacques Werner, Erkki Salmenhaara, Alberto Guzmàn Naranjo, Tapio Tuomela, Vasco Martins se  firent une joie d'exécuter)
2. Obtenir des commandes de ministères, DRAC, départements, villes (ce qui fit la joie de Vandenbogaerde, Succari, Riotte, Suriano, Naon, Lenissois, Charron)
3. Jouer des oeuvres proposées par des collègues en mal de jeu (comme Cohen, Devillers)
4. Pallier lui-même ce besoin, quand il n'y avait pas d'autre solution. Dans ce cas, il arrange une valse de son grand-oncle César, transmute une autre valse de Wandteufel, via le Prof. K., glisse une ou deux commandes qu'il reçoit (comme 93 - Tout un monde présent, pour violoncelle et orchestre) ou se fait plaisir, en écrivant la musique du film de Jean Vigo A propos de Nice.

N'oublions pas les "déchiffrages et dépistages" qu'HCF écrivit pour les examens de direction des conservatoires et pour ses élèves. Parmi ceux retrouvés dans sa poubelle d'ordinateur retenons les périssables :

Échos du Val-qui-rit, Bande de solos, Rossinistre, Chant de coton, Bouzille, TicTac, Traitris(t)e, Facile, Truc en ut, Stückchen, Clarisolo

et, par-dessus tout :

Le Fart de la Luge (fugasse croquignolesque, en souvenir de Claude-Dénis Auto-Büsse).

Flora -1 mn de la Valse de César Fantapié - orchestration HCF (1900 enregistrement de 1920 par l'orchestre du Kursaal de Paris direction J.P. Dejussieu)


 5. Les oeuvres soi-disant sérieuses d'Henri-Claude Fantapié

"Compositeur marginal, hcf écrit peu. (Ce qui est tout de même trop, peuvent penser certains.)"

Il n'a (heureusement) pas conservé ses premiers essais prépubères. Alors que dire de ses premières oeuvres jouées, un Concertino giocoso, pour cor, cordes, clavecin et percussions de 1961 et une pièce de ballet pour cordes et piano de 1962 : Didon abandonnée ? Pas grand chose, j'en ai peur, deux oeuvres qui balancent entre néoclassicisme gallique et clins d'oeil vers Bartok. (Le Concertino, ne manque toutefois pas de charme). De la même époque, le Quintette pour clarinette et cordes et les 3 Errances pour orchestre d'harmonie sont contemporaines des études à l'Ecole Normale, avec Henri Dutilleux. Le quintette est à oublier pudiquement. Les Errances, curieusement, n'ont pas déplu lors de leur création à Paris, salle Gaveau, par l'Harmonie des Gardiens de la Paix, dirigés par Désiré Dondeyne. L'humour de hcf se manifeste déjà, hélas, dans le fait que cette commande de Radio-France, écrite en trois mouvements et destinée à la musique des Gardiens de la Paix, s'inspire de poèmes de Boris Vian, à l'époque surtout considéré comme un auteur scandaleux, à cause de sa chanson Le déserteur et de ses fausses traductions de Vernon Sullivan.

Mais hcf n'a pas sa place dans le système. Il n'appartient pas à la vague sérielle, il n'est par un officiel de la Direction de la Musique au Ministère et il se rend vite compte que le groupe de Pierre Schaeffer, à la Radio, qui l'a un temps attiré, ne lui correspond pas vraiment. Il se contente alors de diriger les Solistes de Paris, avec les maigres subventions du Ministère (quand celui-ci ne perd pas ou ne mélange pas les dossiers des subventionnés).

Je parle par ailleurs des arrangements, oeuvres apocryphes et autres et passe sur un Stabat pendereckien mort-né, écrit pendant la période de retraite boursière au Château de Lourmarin, avec des oeuvres qui frôlaient l'aléatoire et qui étaient destinées à la scène (Le Bateau ivre, la musique pour Titus Andronicus, au Festival d'Avignon en 1969).

Décidément, il n'y a rien d'intéressant à signaler pendant une dizaine d'années et, quand hcf reprend la plume, c'est surtout à cause du besoin d'écrire des oeuvres destinées à des orchestres de jeunes. Pas des oeuvres pédagogiques à proprement parler, mais des oeuvres qui puissent constituer un fonds de répertoire qui permette d'aborder un langage contemporain jouable par de jeunes musiciens. On y trouve peut-être quelques-unes de ses meilleures (?) oeuvres, souvent marquées par un humour tantôt nostalgique, parfois féroce.

Tout commence par un hommage à Henri Dutilleux, 93-Tout un monde présent, (pas si présent que ça dira Paavo Heininen), pour violoncelle et orchestre, une commande pédagogique de la Direction de la Musique qui ouvre cette période stylistique de la maturité. Vont suivre Kalevan kaikuja, pour clarinette, cordes et tambourin, pour le Festival de Lieksa, en Finlande, la Passecaille ligure, créée en Angleterre, Tangage pour quintette à vent, Nostalgies-miroirs, La plus que triste pour cordes, le Diablotin dans la forêt, les Contes et comptines, sur des poèmes de Jean-Luc Moreau (et Anja Fantapié) ainsi que les 3 Chansons pour choeurs, basson et quintette à cordes, sur des poèmes du même. Viendront ensuite l'opéra déambulatoire A l'amour, à la mort, que la troupe de rue Oposito créera dans le cadre de "Lille capitale européenne de la culture", la musique du film muet de Jean Vigo "A propos de Nice" et un hommage à quelques amis disparus ou non : Le tombeau des rêves. En 2010 ce sera encore un court Stabat Mater, non encore créé.

30 secondes de sa première oeuvre jouée, final du 1er mt. du Concertino giocoso (soliste René Croësi), présenté pour entrer dans la classe de composition d'Henri Dutilleux - déjà, sous le néoclassicisme, se glisse humour et provocation vis-à-vis des tendances d'alors, qu'il suivait attentivement aux concerts du Domaine Musical...